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Dossier spécial 16/03/2021

Le bilan d’un an de crise sanitaire et son impact sur la vie sociale et la santé mentale des populations

Regards croisés entre Français et Allemands

 

Un an après la décision d’Emmanuel Macron de fermer le pays, quel bilan les Français tirent-ils de sa gestion de la crise sanitaire (tests, masques, vaccins…) et, plus largement,  de ses conséquences sur leur santé mentale et leur vie sociale. Pour cela, l’Ifop a mené pour Aladom et Le Parisien une comparaison entre la France et l’Allemagne sur la gestion de l’épidémie de Covid qui tourne clairement à l’avantage de l’outre Rhin : la société allemande semblant avoir en grande partie échappé au traumatisme collectif qui a affecté la société française ces douze derniers mois. Réalisée dans chacun des deux pays auprès d’un échantillon national représentatif de 1 000 personnes, cette étude met en effet en lumière un mécontentement des Français bien plus important à l’égard de leurs autorités publiques et sanitaires mais aussi une « usure psychologique » beaucoup plus généralisée en France qu’outre-rhin.

 

 

A – LE BILAN DE LA GESTION DE LA CRISE SANITAIRE

1 – Le bilan des autorités dans la lutte contre le coronavirus est jugé beaucoup plus sévèrement en France qu’en Allemagne. 

 

Plus de deux Français sur trois (69%) jugent négativement le bilan des autorités de leur pays en matière de vaccins, contre moins d’un Allemand sur deux (43%). Et cette cruelle comparaison pour le gouvernement français se retrouve dans le jugement porté des deux côtés du Rhin tant sur la question des tests (51% de jugements négatifs en France contre 36% en Allemagne) que sur celles des masques, mécontentant là aussi plus d’un Français sur deux (51%) contre moins d’un allemand sur trois (31%).

 

2 – La gestion de la crise par la France parait moins bonne que celle des pays du nord de l’Europe

 

Ce désaveu à l’égard des autorités françaises se retrouve lorsqu’on invite les sondés à comparer la manière dont la crise a été gérée dans leur pays avec la façon dont elle l’a été dans les autres pays européens. En effet, près de la moitié (44%) des Français estiment que le gouvernement d’Emmanuel Macron a fait « moins bien » que l’Allemagne, contre à peine 28% qui trouvent qu’il a « fait mieux » et 28% « aussi bien » que le gouvernement d’Angela Merkel… A l’inverse, ils ont le sentiment que la France a fait sensiblement mieux que des pays du Sud de l’Europe comme l’Espagne et l’Italie.

 

 

B – L’IMPACT SUR LA VIE SOCIALE ET LA SANTÉ MENTALE DES POPULATIONS

3 – Une dégradation continue du moral des Français depuis la mise en place du premier confinement

 

La crise sanitaire parait de plus en plus difficile à vivre psychologiquement au regard de la proportion croissante de Français reconnaissant ne pas avoir le moral : 30% en mars 2021, soit une proportion deux fois plus élevée que celle observée juste avant l’apparition du premier cas de Covid en France (16% en novembre 2019). Et l’impact des restrictions sanitaires imposées depuis mars 2020 pèse sensiblement plus lourd sur le bien-être psychologique des Français (30%) que chez leurs voisins d’outre-Rhin (23%).

 

De manière plus générale, la situation paraît beaucoup moins bien vécue sur le plan psychologique en France qu’en Allemagne. En effet, près d’un Français sur deux (47%) juge difficilement supportable sa vie actuelle sur le plan psychologique, soit une proportion trois fois plus élevée qu’en Allemagne (17%).

 

4 – En l’espace d’un an, les Français ont été particulièrement touchés par des formes d’anxiété ou de dépression

 

Anxiété, dépression, idées suicidaires… Il est vrai que les répercussions psychologiques des restrictions sanitaires n’ont cessé de s’aggraver ces derniers mois au regard de la proportion croissante de personnes victimes d’anxiété (40%, + 4 points en 4 mois), de troubles du sommeil (46%, + 2 points en 4 mois) ou d’états dépressifs (22%, + 6 points en 4 mois). Et cette usure psychologique semble plus généralisée en France qu’en Allemagne si on compare dans les deux pays la proportion de personnes ayant subi en un an des troubles du sommeil (46% en France contre 40% en Allemagne), des périodes d’anxiété (40% en France contre 26% en Allemagne) ou des épisodes dépressifs (22% en France contre 19% en Allemagne).

 

5 – La « bise » à la française : une pratique bannie des rites de salutations ?

 

Les recommandations pour lutter contre la propagation du coronavirus – comme le respect des gestes barrières – semblent être globalement entrées dans les mœurs si l’on en juge par la faible proportion de Français se présentant aujourd’hui à des inconnus en leur leur serrant la main (10% le 4 mars 2021, contre 75% le 5 mars 2020) ou leur faisant la bise : 9% actuellement, contre 40% il y a un an. Cependant, la proportion de Français continuant à faire la bise à leurs proches reste élevée – 39%, contre 91% le 5 mars 2020 -, signe que le degré de proximité altère toujours l’impact du discours de prévention sanitaire sur les gestes barrières.

Il n’en reste pas moins que la crise sanitaire risque de porter préjudice à long terme à cette pratique : 78% des Français déclarant qu’ils ne feront plus à l’avenir la bise à des inconnus et 50% qu’ils éviteront à l’avenir d’embrasser leurs proches.

 

6 – Un port du masque amené à se pérenniser

 

Le port du masque ne devrait pas disparaitre de notre quotidien de sitôt : les trois quarts des Français (74%) déclarant qu’ils le porteront à l’avenir dans la rue et les transports publics lorsqu’ils seront malades, proportion qui tombe à 35% lors de la visite d’un ami et à 31% s’il s’agit d’un membre de la famille.

 

C – LE MONDE D’APRÈS : L’IMPACT D’UN AN DE CRISE SUR LA VIE DES FRANÇAIS

7 – Le « monde d’après » : le même mais en pire… 

 

76% des Français adhèrent à la phrase de Michel Houellebecq qui déclarait que le monde d’après « serait le même, en un peu pire ». Et pour 71% des personnes interrogées, il n’y aura jamais véritablement de retour à la normale même lorsque le virus ne sera plus un sujet de préoccupation majeure.

 

Les deux tiers des Français (66%) estiment aussi avoir perdu un an de leur vie. Une affirmation qui grimpe à 75% chez les ouvriers, à 72% parmi les Français les plus pauvres et à 70% chez les personnes âgées de 65 ans et plus.

 

8 – Une crise, moteur de changements dans la vie des gens…

 

Dans ce contexte, un tiers des Français (34%) déclare que l’expérience qu’ils sont en train de vivre leur a donné l’envie de changer pas mal d’aspects de leur vie, soit une proportion largement supérieure à celle observée en Allemagne (26 %).

 

Parmi ces changements, l’envie de déménager est évoquée par 21% des personnes interrogées (avec des pointes à 36% et 33% chez les 25-34 ans et les plus modestes), soit une hausse de 3 points depuis mai 2020. A l’inverse, le télétravail continuera d’être pratiqué après la crise, certainement ou probablement, par 36% d’entre elles (- 3 points par rapport à mai 2020).

 

 

LE POINT DE VUE DE GAUTIER JARDON SUR L’ENQUÊTE

 

Au regard des résultats de cette enquête, la comparaison entre la France et l’Allemagne sur la gestion de l’épidémie de Covid est assez cruelle pour le gouvernement d’Emmanuel Macron. En échappant à un confinement strict et un couvre-feu national et durable, la société allemande a semble-t-elle évité également le traumatisme collectif qui a largement affecté la société française au cours des douze derniers mois. Les autorités allemandes se sont notamment distinguées par une stratégie de test et de fourniture de masque plus rapide, une offre beaucoup plus forte de lit de réanimations et un débat public plus apaisé. Conséquence logique, les ravages psychologiques du coronavirus sont bien moindres de l’autre côté du Rhin, imputable aux différences de gouvernance médical, administrative et politique. La situation est donc bien plus mal vécu psychologiquement dans notre pays. L’usure psychologique des Français poursuit de s’accroitre implacablement, notamment parmi les personnes déjà fragilisées avant le confinement. Les humains souffrant naturellement de ce que les anglo-saxons nomment « skin hunger » (faim de contact physique), il n’est pas surprenant de voir que les plus touchés sur le plan moral se retrouvent également parmi ceux qui sont le moins exposés à des interactions humaines. Cette disette de contacts physiques imposée par la nécessité sanitaire est donc en train d‘engendrer un autre problème de santé publique.

 

Cette étude a été menée sous la direction de François Kraus, directeur du pôle “Politique / Actualités” de l’Ifop, en partenariat avec l’agence Flashs. Pour toute demande de renseignements à propos de cette étude ou pour obtenir des informations quant aux conditions de réalisation d’une enquête du même type, vous pouvez contacter directement François Kraus au 0661003776 – francois.kraus@ifop.com

Documents à télécharger

Présentation Infographie

Méthodologie de recueil

L’enquête a été menée auprès d’un échantillon national représentatif de 1 048 Français âgés de 18 ans et plus et de 1 003 Allemands âgés de 18 ans et plus.
La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas au regard : de critères sociodémographiques : sexe de l’individu ; âge de l’individu ; de critères socioprofessionnels : profession de l’individu ; de critères géographiques : région et taille de l’unité urbaine de la commune résidence.
Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 3 au 4 mars 2021 (Français) et du 7 au 9 mars 2021 (Allemands).

Vos interlocuteurs

François Kraus Directeur du pôle Politique / Actualités - Opinion & Stratégies d'Entreprises

Gautier Jardon Chargé d’études – Département Opinion et Stratégies d’Entreprise

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