Public ou privé : enquête auprès des parents d’élèves sur leur choix entre l’école publique ou privée

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12.11.25

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L’Ifop, en partenariat avec le Comité national d’action laïque (CNAL), présente une étude menée auprès des parents d’élèves sur le choix entre école publique et école privée. Entre baisse du soutien à l’enseignement privé, demande accrue de contrôle des établissements et attentes de réformes pour l’école publique, que pensent aujourd’hui les Français des différentes formes d’enseignement ?

 

Dans un contexte de baisse du soutien à l’enseignement privé, les Français rejettent majoritairement son financement public

  • En 2025, moins des deux tiers des Français (63%) soutiennent le principe d’un enseignement privé en France, contre 71% en 1983

Le principe d’un enseignement privé en France n’est pas contesté mais son assise dans l’opinion s’érode sensiblement si on compare le soutien dont il dispose aujourd’hui (63%) à celui qu’il avait au moment de la mobilisation pour la défense de l’école libre (71% en 1983) – dernier grand moment où son existence fut l’objet d’un débat public.

Ainsi, les trois quarts des parents (73%) souhaitent scolariser leur enfant dans le secteur public. Seuls les parents catholiques pratiquants sont une minorité à souhaiter scolariser leur enfant dans le public (48%), ainsi que les parents ayant eux-mêmes été scolarisés uniquement en école privée (30%).

  • Seuls 28 % des parents jugent normal que l’État finance l’enseignement privé, une proportion en forte chute depuis 1983 (-25 points)

Si l’existence de l’école privée n’est pas remise en cause, le principe de son financement public est, lui, rejeté par une large majorité de parents : 60% des parents d’élèves interrogés estiment que c’est aux familles d’en assumer la charge financière. À l’inverse, ils ne sont plus qu’un sur quatre (28%) à estimer que « qu’il est normal que l’État finance l’enseignement privé », soit une proportion deux fois plus faible qu’il y a une quarantaine d’années (53% en 1983). Les parents ayant leur enfant dans le privé sont plus divisés : 48% trouvent normal que l’Etat finance l’enseignement privé, quand 42% pensent que les familles faisant ce choix en assument le coût.

 

Une demande de renforcement des contrôles des écoles privées presque unanime

  • Huit parents d’élèves sur dix (79%) soutiennent une accentuation des contrôles pédagogiques et financiers des établissements privés

Cet effondrement du soutien au principe d’un financement public de l’école privée va de pair avec la volonté d’un renforcement du contrôle financier de l’État, un quasi-consensus se dessinant autour de l’instauration de sanctions en cas de non-respect des termes du contrat passé avec l’Etat (81%), voire la suppression du financement public (77%) et, dans une moindre mesure, de le moduler selon des critères de mixité scolaire (69 %) ou sociale (65%).

  • Une majorité de Français (60%) s’oppose au fait qu’un enseignant puisse faire une prière avec ses élèves sur ses heures de classe, même dans les établissements privés religieux

Ce souhait d’un plus grand respect des conditions qui lient les établissements privés sous contrat à l’État affecte aussi d’autres domaines comme le respect de la neutralité religieuse en classe : 60% des Français sont opposés à la prière pendant les heures de classe dans les établissements privés religieux. Le nouveau secrétaire général de l’enseignement catholique, Guillaume Prévost, qui s’était attiré des critiques après des déclarations en faveur de la prière en classe, n’est d’ailleurs soutenu que par une courte majorité de parents d’élèves du privé : 42% d’entre eux s’opposent à l’idée que le temps de prière empiète sur le temps scolaire.

  • Les deux tiers des parents d’élèves jugent les contrôles des écoles privées concernant les violences sur les élèves insuffisants

De même, une large majorité de parents expriment le souhait d’un plus grand contrôle des établissements privés en ce qui concerne les contrôles en matière de violences physiques ou psychologiques entre élèves (68%), de violences sexuelles envers ou entre élèves (67%) et de violences du personnel enseignant (64%). Les parents d’élèves dans le public sont bien plus nombreux à considérer ces contrôles comme insuffisants que ceux du privés (respectivement +19, +22 et +14 points).

Une majorité de parents trouvent également insuffisants les contrôles concernant le respect des programmes en matière d’éducation sexuelle (53%) ou de transmission des valeurs de la République (52%).

 

Des priorités de réformes nettes et une attractivité réelle de l’école publique… mais une réussite sous-estimée

  • Les priorités pour réformer l’école publique font consensus : 93% des parents d’élèves considèrent qu’il est urgent d’améliorer la sécurité et la discipline

Derrière cet impératif, la plupart des parents d’élèves souhaitent aussi améliorer la qualité des enseignements (88 %) et des locaux (84 %). Par ailleurs, près d’un parent sur deux (47 %) souhaite intégrer le privé au service public, un taux qui monte à 52% chez les parents ayant leur enfant dans le privé, signe d’une attente d’alignement sur les standards publics.

  • Si la qualité de l’enseignement est le critère principal des parents dans le choix d’établissement de leur enfant (78%), des différences émergent : le public paraît plus accessible, quand le privé semble plus axé sur la réussite…

Les facteurs d’attraction des établissements scolaires sont d’abord la qualité de l’enseignement (78%), suivi par le bien-être des élèves (73%), et de leur sécurité (71%).

On note cependant de réelles différences entre les parents qui souhaitaient placer leurs enfants dans le public, et ceux qui préféraient les mettre dans le privé. Ainsi, les parents souhaitant mettre leur enfant dans le privé portent davantage d’attention à la qualité de l’enseignement (85% contre 75% pour les parents qui souhaitaient mettre leur enfant dans le public), à la sécurité (79% contre 68%), au suivi des élèves (79% contre 67%) ainsi qu’aux absences non remplacées des professeurs (72% contre 54%). A l’inverse, les parents d’élèves qui souhaitaient mettre leur enfant dans le public accordent davantage de poids aux aspects pratiques : ils sont 57% à trouver déterminant la proximité de l’école avec leur domicile (contre 42%), les facilités de transports (54% contre 41%), et le coût global de la scolarisation (53%, contre 37%).

  • … Malgré les chiffres officiels consacrant l’école publique !

Les parents qui souhaitaient mettre leur enfant dans une école privée sont 63% à trouver déterminant le niveau des élèves et leur taux de réussite aux examens, alors même que, selon les chiffres officiels du ministère de l’Education les établissements publics apportent davantage de réussite aux élèves que le privé. Plus des deux tiers des parents (70%) des parents déclarent d’ailleurs ignorer ce fait.

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