A l’occasion des élections municipales, APF France handicap a missionné l’IFOP pour réaliser une grande consultation visant à établir un état des lieux de la question de l’accessibilité en France. Pendant plus de deux mois, l’IFOP a recueilli le sentiment de 11905 Français sur la thématique de l’accessibilité. Cette consultation – inédite par son ampleur – ambitionne à la fois de dresser un état des lieux de la thématique à l’échelle nationale, mais également d’établir un classement des métropoles les plus vertueuses sur ce sujet. Voici les principaux enseignements de l’enquête.
L’expérience de difficultés d’accessibilité lors des déplacements : une réalité pour plus de 8 sondés sur 10
Signe de l’acuité de la problématique, plus d’un répondant sur deux déclare rencontrer souvent des difficultés d’accessibilité lors de ses déplacements (57%) et ils sont près de 9 sur 10 à indiquer y être confrontés au moins de temps en temps (86%). Si assez logiquement, les personnes en situation de handicap font davantage état de difficultés (67% en rencontrent souvent des difficultés), la problématique n’épargne pas pour autant les valides (33%). Un des plus hauts scores de difficultés s’observe notamment parmi les Français se déplaçant régulièrement avec des poussettes (72%).
L’accessibilité de la voirie cristallise les plus hauts niveaux d’insatisfaction
Les jugements des sondés sont particulièrement sévères concernant l’accessibilité de la voirie : près des ¾ d’entre eux en sont insatisfaits (72% dont 35% « pas du tout satisfaits »). Là encore, si l’insatisfaction est plus marquée chez les personnes en situation de handicap (74%), elle n’en demeure pas moins prégnante chez les valides (65%). Le niveau d’insatisfaction le plus élevé s’observe à nouveau parmi les répondants amenés à se déplacer régulièrement avec une poussette qui se montrent les plus insatisfaits (81%).
Signe de l’importance de cette problématique, les sondés y font spontanément référence et évoquent notamment les problèmes de déplacement sur les trottoirs : « Les trottoirs sont dans un état déplorable. Parfois impossible de circuler avec fauteuil roulant ou poussette. Obligé de circuler dans la rue ». Cette thématique – avec 34% de verbatim – est la première soulevée dans la question ouverte, destinée à recueillir le récit d’expériences personnelles.
Accès aux transports en commun : une fracture territoriale saillante
Après la voirie, c’est cette thématique qui suscite les jugements les plus critiques avec un niveau d’insatisfaction majoritaire (55% dont 25% « pas du tout satisfaits »). L’analyse du niveau d’insatisfaction par catégorie d’agglomération met en évidence un clivage territorial marqué, faisant ressortir le mécontentement particulier des habitants des communes rurales qui se montrent très critiques (72%). L’examen de la question ouverte met en exergue le sentiment d’abandon ressenti par une partie de ces habitants : « J’habite dans un lieu-dit et pour sortir il faut prendre la voiture car il n’y a aucun moyen de transport en commun. En ville il est difficile de se garer. Dans la commune qui est plus proche il n’y a qu’un bar et une petite épicerie. On se sent isolé de tout. Sans véhicule on est coincé dans mon lieu-dit. C’est assez difficile donc de pratiquer une activité ». Les habitants des communes rurales sont d’ailleurs plus d’un sur deux à indiquer qu’il n’y a pas de transports spécialisés pour les personnes à mobilité réduite alors même que cette proportion n’est que de 10% parmi les sondés habitant dans des agglomérations de plus de 100 000 habitants.
