La SFL, Société Foncière de Lyon, référent de l’immobilier tertiaire prime parisien, a lancé il y a 10 ans le Paris Workplace. Dix ans de mutations tous azimuts qui devraient se prolonger.
Aude Grant, Directrice générale déléguée, directrice des opérations de la Société Foncière Lyonnaise, revient sur l’évolution du Paris Workplace qui fête sa dixième année.
1. Le Paris Workplace fête sa dixième édition… qu’avez-vous vu évoluer en 10 ans ?
Quand nous avons commencé à parler de l’importance de la valeur d’usage des bureaux il y a dix ans, comme d’un « goodwill » au bilan des entreprises, l’environnement de travail n’était pas véritablement un sujet de société. C’était une commodité, les entreprises changeaient de bureaux à mesure que leurs effectifs s’accroissaient ou diminuaient, mais ne les considéraient pas comme un élément stratégique. Ce qui était un « non-sujet » est devenu un sujet central en termes de compétitivité, de ressources humaines, de stratégie de développement, de management, de finances… Aujourd’hui, nous n’avons plus besoin d’expliquer ce qu’est la valeur d’usage, l’ensemble du secteur immobilier s’est approprié cette sémantique !
« Dans notre activité immobilière, l’intelligence artificielle est une chance énorme »
2. Les dix dernières années ont été mouvementées, les derniers mois également, avec l’irruption de l’intelligence artificielle comme sujet majeur. Que peut-elle changer dans les bureaux ?
On a beaucoup dit que le Covid avait accéléré les tendances en matière de mutation des bureaux, et l’intelligence artificielle nous fait encore accélérer un peu plus vite. À mesure que les activités de production peuvent être réalisées dans des lieux de plus en plus divers, et parfois même par des machines, le bureau devient le lieu de l’échange et de l’intelligence collective. Par ailleurs, je pense que les entreprises vont demander des bureaux de plus en plus protéiformes, des lieux où peuvent s’exercer des activités de plus en plus différentes (salles de projection, studios d’enregistrement, restaurants de direction…).
Dans notre activité immobilière, l’intelligence artificielle est une chance énorme pour nous aider à atteindre nos objectifs environnementaux ou nous accompagner dans l’optimisation des sujets de rénovation (modélisations des bâtiments notamment). L’IA va peut-être nous permettre d’imaginer des bureaux plus efficaces et plus pérennes. Même s’il est probable, et souhaitable, que le talent créatif des architectes demeure incodable !
« Si le bureau n’est pas exemplaire sur les questions écologiques, nous ne parviendrons pas à séduire les entreprises. »
3. La question environnementale revient de plus en plus dans les réponses que nous formulent les Franciliens. Constatez-vous des évolutions au sein des bureaux ?
Notre conviction chez SFL, c’est que plus aucun immeuble « prime » ne peut faire l’économie d’une ambition environnementale exemplaire. Si l’on n’est pas exemplaire sur les questions écologiques, nous ne parviendrons pas à séduire les entreprises. La bonne nouvelle, c’est que les leviers d’amélioration sont bien identifiés, et ils sont nombreux, à commencer par la question des usages. La fin de l’étanchéité entre la vie professionnelle et la vie personnelle vaut aussi pour nos engagements environnementaux. Aujourd’hui, on attend les mêmes exigences en matière d’éco-responsabilité au travail que chez soi.
« Un quartier qui n’est pas mixte ne sera pas attractif. »
4. Depuis plus de cinq ans, les salariés expriment un désir très clair et constant de travailler dans des quartiers mixtes : à quoi ressemble le quartier idéal des Franciliens ?
La mixité des usages est une constante et ce n’est pas près de changer ! L’entreprise ne peut plus vivre que sur elle-même. Bien sûr, dans ce contexte, les quartiers centraux tirent le mieux leur épingle du jeu. Bien reliés par les transports en commun, accessibles en mobilités douces, ils permettent des trajets domicile-bureaux plus rapides entre le centre de Paris et la périphérie. Il faut proposer des bureaux qui limitent le temps de trajets de ceux qui habitent en province, c’est pour cela que nous croyons beaucoup au potentiel des quartiers de gares. Une autre donnée à intégrer, est celle de la sûreté des personnes. Là aussi, les quartiers centraux, vivants, animés à toute heure de la journée, présentent des avantages. À l’échelle parisienne, cela devrait pousser certaines zones à travailler sur leur désirabilité : un quartier qui n’est pas mixte ne sera pas attractif.
5. La demande de télétravail se stabilise. Comment l’expliquer ?
On a beaucoup entendu parler des effets du télétravail sur la demande de bureau. Mais attention à ne pas tout confondre. Cette analyse est en fait très anglo-saxonne, voire très américaine, conséquence d’une politique « 100% télétravail » pendant la pandémie. Mais au niveau européen, la situation est très différente, et nos habitudes sociales font que l’on est bien plus attaché à la vie au bureau. S’agissant des bureaux de SFL, serviciels et centraux, nous constatons un très fort taux d’occupation réel : ce sont des immeubles qui vivent !
6. Le bureau est plus que jamais un élément important dans le choix de rejoindre une entreprise, particulièrement chez les -35 ans : comment l’expliquez-vous ?
Il y a quelques années, nous avions démontré dans un Paris Workplace consacré à la French tech, comment certains secteurs étaient moteurs des changements dans les bureaux. Les jeunes jouent ce rôle : ils ne sont pas en opposition avec les autres générations, ils sont aux avant-postes des changements. L’évolution des bureaux va continuer et tout le monde va en bénéficier. Rendez-vous dans dix ans pour voir exactement jusqu’à quel point !
7/10
C’est la note de bien-être au travail que se donnent les salariés franciliens. Un niveau record !
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