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Génération TikTok, Génération “toctoc”? Enquête sur la mésinformation des jeunes et leur rapport à la science et au paranormal à l’heure des réseaux sociaux

A l’heure où TikTok s’impose comme le réseau social préféré des jeunes français, que sait-on de l’impact de cette plateforme sur ses utilisateurs, qui sont de plus en plus nombreux à l’utiliser pour se divertir mais aussi pour s’informer ? Alors que la crise sanitaire a été un terreau propice à l’essor des théories complotistes dans un contexte de défiance généralisée envers les autorités, la Fondation Reboot et la Fondation Jean-Jaurès ont commandé à l’Ifop une enquête auprès des jeunes visant à mesurer leur porosité aux contre-vérités scientifiques et ceci au regard de leur usage des réseaux sociaux. Entre platisme, astrologie, créationnisme, sorcellerie et vaccinophobie, cette étude montre la sécession d’une partie de la jeunesse avec le consensus scientifique : les adeptes des thèses conspirationnistes et plus généralement des croyances irrationnelles étant particulièrement nombreux chez les jeunes, notamment chez ceux qui utilisent beaucoup les réseaux sociaux.

 

LES CHIFFRES CLES

1 – La posture des jeunes à l’égard de la science s’avère de plus en plus critique : seul un jeune sur trois (33%) estime aujourd’hui que « la science apporte à l’homme plus de bien que de mal » alors qu’ils étaient plus d’un sur deux à le penser il y a cinquante ans (55% en 1972). A l’inverse, la proportion de jeunes percevant négativement ses bienfaits sur l’humanité a triplé entre 1972 (6%) à 2022 (17%), tandis que le sentiment qu’elle n’a pas d’impact restait, lui, relativement stable (41%, +3 points). Or, cette défiance croissante à l’égard de la science va de pair avec une sécession avec nombre de « vérités » faisant consensus dans le milieu scientifique.

 

2 – Sur les origines de l’homme par exemple, l’enquête révèle que plus d’un jeune sur quatre croit aujourd’hui au « créationnisme » : 27% des jeunes de 18 à 24 ans estiment que « Les êtres humains ne sont pas le fruit d’une longue évolution d’autres espèces (…) mais ont été créés par une force spirituelle (ex : Dieu) ». Et cette contestation de l’évolutionnisme s’avère particulièrement forte chez les sondés se disant « religieux » (60%), les personnes appartenant aux minorités religieuses attachées à une vision littérale des textes (ex : 71% des musulmans) et aux catégories populaires au regard de leur catégorie socioprofessionnelle (38% des ouvriers).

 

3 – En dépit des évidences scientifiques, le « platisme » trouve aussi un écho significatif dans la jeunesse française. Alors qu’elle reste marginale chez les seniors (3%), l’idée selon laquelle on nous ment sur la forme de la Terre est partagée en effet par près d’un jeune sur six (16%). Présentant les mêmes caractéristiques socio-culturelles que les adeptes du créationnisme, les platistes sont surreprésentés chez les jeunes potentiellement les plus exposés à ces thèses sur internet, notamment les gros utilisateurs de services de vidéos en ligne comme YouTube (21%), d’applications comme Telegram (28%) ou de TikTok comme moteur de recherche (29%).

 

4 – Reposant sur l’idée que des extraterrestres auraient joué un rôle dans l’essor des premières civilisations, l’« Alien Theory » affiche elle aussi un nombre significatif d’adeptes : 19% des jeunes âgés de 18 à 24 ans souscrivent à l’idée que « (…) les pyramides égyptiennes ont été bâties par des extraterrestres », soit trois fois plus que chez les seniors (5%). Moins liée à l’emprise du religieux sur les esprits, l’adhésion à cette théorie ufologique est particulièrement forte dans les rangs des jeunes à faible niveau socio-culturel, peut-être parce qu’ils ont pu être plus exposés à cette thèse à la télévision via une série usurpant les codes du documentaire.

 

5 – Faisant référence à un évènement plus contemporain, la théorie du « Moon hoax » (« canular lunaire ») a quant à elle une audience croissante chez les jeunes : 20% des jeunes estiment désormais que « Les Américains ne sont jamais allés sur la lune », soit une proportion en hausse 5 points en 5 ans. Et comme la plupart des théories prenant le contrepied des informations officielles, cette thèse s’avère particulièrement populaire chez les jeunes « musulmans » (46%) ou d’extrême-droite (26% des sympathisants lepénistes), deux catégories dont l’antiaméricanisme n’est peut-être pas étranger à leur refus de reconnaître l’exploit américain de 1969.

 

6 – Dans un brouillard informationnel post-Covid propice au complotisme, nombre de jeunes adhérent aussi dans des «fake news» médicales dangereuses pour la santé. L’efficacité de la chloroquine contre le Covid-19 est ainsi reconnue par un jeune sur quatre (25%) et ils sont encore plus (32%) à croire que les « vaccins à ARNm (…) causent des dommages irréversibles dans les organes vitaux des enfants ». Et dans la confusion liée à l’actualité sur le sujet, l’idée selon laquelle on peut avorter sans risque avec des plantes est, elle, partagée par un quart des jeunes (25%) et plus d’un tiers (36%) des utilisateurs pluriquotidiens des réseaux de microblogging (36%).

 

7 – Enfin, à l’heure où des réseaux sociaux comme TikTok sont accusés de favoriser les théories complotistes (cf étude NewsGuard3), une part significative de jeunes semble perméable aux thèses trumpistes sur la vie politique américaine.  La thèse selon laquelle « L’assaut du Capitole en janvier 2021 a été mis en scène pour accuser les partisans de Donald Trump » a par exemple un nombre d’adeptes (24% en moyenne) deux fois plus élevé chez les utilisateurs pluriquotidiens de TikTok (29%) que chez les non-utilisateurs (19%). Alertant sur la sécession d’une fraction importante de la jeunesse avec le consensus médiatique, ces chiffres tiennent donc beaucoup au mode d’information et plus particulièrement à l’usage des réseaux sociaux comme Twitter ou TikTok.

 

8 – Cette plus grande perméabilité des jeunes à un imaginaire complotiste se retrouve dans d’autres croyances infondées scientifiquement telles que l’astrologie ou l’occultisme. Ainsi, 49% des jeunes estiment aujourd’hui que « l’astrologie est une science », contre 43% en 1999. Et sur d’autres croyances occultes, cette tendance à la hausse est encore plus nette au regard du nombre de jeunes qui croient par exemple aux esprits (48%, +8 points depuis 2004) ou en la réincarnation : 35% en 2022, soit une hausse de 15 points en seize ans. Et un clivage générationnel se dessine aussi bien dans la croyance dans les prédictions des voyants (38%, contre 12% des séniors) que dans celle liées aux envoutements et à la sorcellerie (36%, contre 20% parmi les plus de 65 ans).

 

9 – Il est vrai que les jeunes se montrent nettement plus sensibles que leurs ainés à des superstitions à caractère occulte. Globalement, 59% croient en au moins une d’entre elles, contre 21% des plus âgés. Et ce gap générationnel se retrouve sur toutes les croyances, qu’il s’agisse du mauvais œil (44%, contre 10%), dans les fantômes (23%, contre 4%), les démons (19% chez les plus jeunes, contre 8%) ou bien encore dans les marabouts (13% des 18-24 ans, contre 4%). A nos yeux, les désordres informationnels de l’ère internet viennent sans doute accentuer la perméabilité traditionnelle des jeunes générations à ces croyances surnaturelles.

 

10 – Cet essor des croyances complotistes ou infondées s’inscrit dans une révolution des pratiques informatives où la défiance à l’égard de l’information verticale issue des autorités s’est accompagnée d’une confiance plus grande dans sa transmission horizontale via les réseaux sociaux. Or, cela peut s’avérer problématique au regard du nombre de jeunes (41%) utilisant TikTok comme moteur de recherche qui estiment qu’un influenceur qui a beaucoup d’abonnés peut être une source fiable. Symptomatique d’un nivellement de l’expertise, ce chiffre révèle le manque de raisonnement critique d’une partie de la jeunesse à l’égard des « influenceurs populaires ».

 

 

François Kraus

Thomas Pierre

 

Fiche méthodo

« Étude Ifop pour la fondation Reboot et la fondation Jean Jaurès réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 28 octobre au 7 novembre 2022 auprès d’un échantillon national représentatif de 2 003 jeunes, représentatif de la population française âgée de 11 à 24 ans. »

Document à télécharger

les résultats

Méthodologie de recueil

L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 2 003 personnes, représentatif de la population âgée de 11 à 24 ans vivant en France métropolitaine dont :
- 1 061 jeunes de 11 à 17 ans
- 942 jeunes de 18 à 24 ans.
La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas au regard de critères démographiques (sexe, âge), socio-culturels (statut de scolarisation, niveau de diplôme), professionnels (situation en matière d’emploi, catégorie socioprofessionnelle de la personne interrogée) et géographiques (région, catégorie d'agglomération).
Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 28 octobre au 7 novembre 2022.

Vos interlocuteurs

François Kraus Directeur du pôle Politique / Actualités - Opinion & Stratégies d'Entreprises

Thomas Pierre Chargé d'études - Département Opinion & Stratégies d'Entreprise

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L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 2 003 personnes, représentatif de la population âgée de 11 à 24 ans vivant en France métropolitaine dont :
- 1 061 jeunes de 11 à 17 ans
- 942 jeunes de 18 à 24 ans.
La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas au regard de critères démographiques (sexe, âge), socio-culturels (statut de scolarisation, niveau de diplôme), professionnels (situation en matière d’emploi, catégorie socioprofessionnelle de la personne interrogée) et géographiques (région, catégorie d'agglomération).
Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 28 octobre au 7 novembre 2022.

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