Les images des deux cadres dirigeants d’Air France, fuyant la chemise arrachée une foule de manifestants hostiles, ont tourné en boucle dans les médias. De très nombreuses voix se sont élevées pour condamner sans réserve la violence des salariés en colère, le premier Ministre employant même le terme de « voyous ». D’autres, moins nombreuses, ont rappelé que ces actes avaient eu lieu dans un contexte social très tendu, marqué par l’annonce d’un nouveau plan de restructuration prévoyant la suppression de 2900 postes et que cette violence traduisait la colère et le désarroi d’une partie des salariés de la compagnie devant la perspective de perdre leur emploi.
Interrogés par l’Ifop pour Sud Ouest Dimanche, les Français se montrent très partagés face à cet évènement. 38% condamnent la réaction de ces salariés d’Air France, mais une majorité (54%) déclare la comprendre sans pour autant l’approuver, quand une minorité (8%) l’approuve sans réserve. Au regard de ces chiffres, on constate donc que l’opinion, dans une large majorité, adopte une position plus compréhensive sur cette affaire que la majorité des médias et des responsables politiques. Dans un contexte de chômage de masse, l’idée selon laquelle des plans de licenciements importants pouvaient engendrer des réactions de colère parfois violentes parmi les salariés des entreprises concernées est largement partagée. Pour autant, si une majorité comprend ces actions, le recours à la violence apparaît clairement comme une ligne rouge à ne pas franchir. A ce titre, il est intéressant de constater que le niveau de soutien à cette action est nettement moins élevé que celui qu’on avait mesuré en 2009 quand, lors du déclenchement de la crise économique, des salariés de sites industriels frappés par des plans sociaux ou condamnés à fermer avaient séquestré leurs dirigeants. En avril 2009 par exemple, 30% des personnes interrogées avaient approuvé la séquestration des patrons de Sony et 3M et quelques mois plus tard, en juillet 2009, ils étaient encore 23% lors d’actions du même type sur les sites de Caterpillar en Isère ou de Molex en Haute-Garonne. A l’inverse, la proportion de personnes condamnant ces faits étaient bien plus faibles (7 et 15%) que dans le cas d’Air-France (38%).
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