Réalisée peu avant la tenue du Salon de l’Agriculture, dans un contexte de forte mobilisation des éleveurs, la seizième vague du baromètre Ifop – Dimanche Ouest France sur l’image des agriculteurs révèle une évolution ambivalente des représentations associées aux exploitants agricoles. En effet, si leur image reste globalement positive, on observe des chutes assez marquées, notamment sur les dimensions en prise avec l’actualité.
Sept Français sur dix (70%) estiment aujourd’hui que les consommateurs peuvent avoir confiance dans les agriculteurs. Ce capital confiance, même s’il s’était considérablement érodé après 2013 (où il se situait à 80%), repart à la hausse après deux baisses successives. D’autres traits d’image positifs enregistrent eux aussi une progression : 59% des Français considèrent que les agriculteurs sont respectueux de la santé de nos compatriotes (+7 points, après une chute remarquable entre 2013 et 2014 à cause du scandale de la viande de cheval) et 49% qu’ils sont respectueux de l’environnement. Se dessine ainsi la représentation des agriculteurs en tant qu’acteurs moteurs de la lutte contre les risques alimentaires, une image qui se redresse enfin après les difficultés connues lors des dernières crises sanitaires.
Mais si les intentions des agriculteurs sont saluées par l’ensemble de la population, les Français voient de plus en plus leur filière comme sinistrée. Ainsi, bien qu’une majorité de Français estime toujours que les agriculteurs sont « modernes », ils ne sont aujourd’hui plus que 59% à l’affirmer. En baisse de 9 points par rapport à 2015, ce score est le plus bas jamais registré sur cet item depuis le lancement du baromètre d’image des agriculteurs. De même, la part des Français qui les considère comme « compétitifs » passe cette année symboliquement sous le seuil des 50%, pour atteindre 44% (-8 points par rapport 2014).
Malgré cette baisse d’optimisme quant à la capacité des agriculteurs à relever économiquement leur secteur, a fortiori dans une conjoncture peu favorable, les Français ne semblent pas leur jeter la pierre puisqu’ils le jugent minoritairement, et de moins en moins « assistés » (46%, -1 points) ou « égoïstes » (26%, -3). En revanche, et c’est l’une des évolutions les plus spectaculaires mesurées dans le cadre du baromètre d’image des agriculteurs, la « violence » prêtée aux agriculteurs apparaît de plus en plus forte : 30% des Français associent cet item aux agriculteurs, soit une hausse de 10 points en un an seulement, et un quasi-doublement en deux ans (16% en 2014). Le mouvement actuel de protestation contre les prix d’achat de la grande distribution, ainsi que les faits divers qui ont émaillé les derniers jours (mort d’une conseillère agricole dans une ferme, irruption d’éleveur dans la propriété du ministre de l’Agriculture, etc.) expliquent cette hausse, qui élève cet item au plus haut niveau mesuré dans le cadre du baromètre.
Cette perception malgré tout bienveillante à l’égard des agriculteurs se retrouve au sein de l’ensemble des catégories de la population française, même si les femmes se montrent généralement moins sévères que les hommes pour l’ensemble des traits d’image testés.
Autre signe de la bienveillance à l’égard des agriculteurs malgré la conjoncture, la part de Français disposés à payer leurs produits plus cher pour assurer un revenu correct aux agriculteurs connaît une hausse sensible : 66% (+11 points) affirment être prêts à consentir cet effort, dont 42% (+3) qui pourraient payer leurs produits 5% plus cher. Une personne sur cinq (20%) pourrait payer un supplément de 10% et seuls 4% seraient prêtes à payer plus de 15% supplémentaires. Dans le détail, les retraités (79%) sont ceux qui se montrent les plus prompts à débourser davantage pour assurer un revenu correct aux agriculteurs.
partager