Ifop pour Confinews a interrogé les habitants des communes rurales et des banlieues afin de mieux appréhender leur perception de l’action publique et de l’accès aux services publics, et d’identifier les points de convergence et de divergence entre ces deux « segments » de la population française.
Une appréciation contrastée de l’action de l’État et des services publics
L’appréciation globale de l’action publique et des services publics s’exprime différemment selon les territoires. D’un côté, les habitants des banlieues se montrent majoritairement convaincus que leur commune bénéficie de l’action des pouvoirs publics (68%), avec une perception légèrement plus favorable dans les banlieues «aisées» (70%) et «intermédiaires» (70%), tandis qu’elle tombe à 61% dans les banlieues « populaires ». À l’inverse, une minorité (48%) des habitants des communes rurales déclarent percevoir une présence significative de l’action et de la présence des pouvoirs publics (44% dans les communes à habitat très dispersé). En résumé, plus l’habitat est dispersé, plus le ressenti de désengagement étatique s’exprime.
Cette perception de l’absence de l’État s’accompagne toutefois d’un niveau de satisfaction relativement élevé concernant les services publics dans leur ensemble : 73% des habitants des banlieues s’en déclarent satisfaits, contre 63% des ruraux. Ces résultats masquent néanmoins d’importantes disparités internes. Ainsi, le taux satisfaction est de 59 % dans les communes rurales à habitat très dispersé, et à 66 % dans les banlieues populaires, là où les besoins sociaux et les tensions territoriales sont souvent les plus vives.
Une qualité des services publics inégalement ressentie selon les dimensions locales
Lorsqu’on interroge plus précisément les habitants sur différentes dimensions de la vie dans leur commune, des écarts notables apparaissent tant entre banlieues et zones rurales qu’au sein même de ces catégories. L’accès à internet et l’éducation sont globalement jugés satisfaisants dans tous les types de territoires, bien que les banlieues aisées et les bourgs ruraux bénéficient de meilleurs scores. L’accès à internet, en particulier, s’impose comme l’un des rares services publics perçus positivement de manière transversale, avec des taux de satisfaction dépassant 84 % dans la quasi-totalité des cibles étudiées.
L’éducation constitue également un point fort, bien que des fractures soient visibles : 64% de satisfaction dans les banlieues populaires, soit un taux bien en deçà du niveau observé dans les banlieues aisées (80%) ou intermédiaires (78%).
Les écarts se creusent davantage pour les services à forte dimension logistique, comme l’accès aux soins, les transports et le développement économique. Dans ces domaines, les territoires ruraux cumulent les difficultés : seulement 48% des habitants sont satisfaits de l’accès aux soins, contre 64% dans banlieues. Cette satisfaction descend à 38% dans les communes à habitat très dispersé, révélant un probable déficit d’égalité territoriale en matière de santé. Concernant les transports, les résultats sont encore plus nets et révélateurs : alors que 74% des habitants de banlieue s’en disent satisfaits, ce chiffre tombe à 39% auprès des ruraux dans leur ensemble, et à 23% dans les communes à habitat très dispersé.
Nous constatons des écarts également sur l’aspect sécuritaire. Les habitants des communes rurales (74%) sont davantage satisfaits de la sécurité que dans les banlieues (63%), notamment les plus populaires (49% de satisfaction).
Une conscience partagée de marginalisation et une demande de cohésion sociale fondée sur les collectivités
Malgré ces divergences, les deux populations partagent un sentiment profond de mise à l’écart par l’État central : seulement 26% des habitants des banlieues et 14% des habitants des communes rurales s’estiment plutôt gagnant des politiques menées depuis l’élection d’Emmanuel Macron.
En réponse à ce déficit de reconnaissance, une forte attente se manifeste à l’égard des collectivités locales. Trois quarts des répondants, en zone rurale (77%) comme en banlieue (74%), estiment que le renforcement des moyens accordés aux communes est essentiel pour garantir le vivre-ensemble. La proximité territoriale est ainsi perçue comme un levier efficace pour renforcer la cohésion entre les Français.