Les principaux relais de l’opinion publique s’avèrent également les acteurs les plus discrédités par… l’opinion publique.
Si les scientifiques, les policiers, les enseignants, les entrepreneurs et, à un degré moindre, les juges bénéficient d’une confiance majoritaire, les élus et les journalistes suscitent a contrario une défiance importante. Concernant les élus, ce sont surtout les députés et les sénateurs qui font l’objet d’un rejet massif (83% des Français ne leur font pas confiance) alors que le jugement est plus nuancé vis-à-vis des élus locaux (54% ne leur font pas confiance). Ces derniers échappent partiellement au discrédit touchant le personnel politique national.
La confiance qu’inspire le dirigeant d’une petite entreprise, incarnation du tissu économique français est inversement proportionnelle à l’influence qui lui est prêtée sur la société française : une situation déplorée par les Français.
Le dirigeant d’une petite entreprise apparaît comme la figure qui inspire le plus confiance aux Français (43% de citations en premier) loin devant le PDG d’une grande entreprise (3%) et les élus nationaux (1%). Sur un grand nombre de valeurs et notamment le quadriptyque compétence/dynamisme/courage/empathie, les dirigeants de TPE ou de Start-Up sont perçus comme plus crédibles que les responsables politiques. Dans ce « match » élus/entrepreneurs, les premiers ne l’emportent que sur la dimension de sens de l’intérêt général. Malgré ces bénéfices perçus, le chef d’entreprise n’est pas considéré comme un « influenceur » de la société française. Dans le même temps, l’homme politique exerçant des fonctions nationales, acteur le plus discrédité, est également perçu comme l’acteur le plus susceptible d’avoir une influence sur la société française (47% des Français les citent). Les dirigeants de TPE/PME apparaissent enfin davantage en capacité d’influencer la société que ceux des Start-Up (25% contre 16%).
Le personnel politique apparaît déconnecté des enjeux de la nouvelle économie alors qu’il lui est expressément demandé de mieux connaître le monde de l’entreprise.
A peine la moitié des Français estime que la classe politique connaît les enjeux liés au numérique (48%) tandis que seuls 37% et 31% d’entre eux mettent en avant une compréhension et une prise en compte prioritaire par les responsables politiques des enjeux et préoccupations des Start-Up. Dans cette logique de déconnexion perçue entre élus et enjeux entrepreneuriaux, le passage en entreprise est perçu par 87% de la population française comme un prérequis indispensable pour exercer des responsabilités politiques. Sur ce point, il est frappant de constater la quasi disparition du clivage gauche/droite jadis prégnant sur cette question.
Alain Juppé à droite et Emmanuel Macron à gauche, figures les plus proches du centre de l’échiquier politique, sont jugés comme les plus proches des entreprises.
La fracture économique et sociale préoccupe nettement plus que la fracture identitaire. 71% des Français considèrent en effet que les candidats à l’élection présidentielle doivent parler en priorité de la lutte contre le chômage plutôt que de l’identité de la France. Dans ce contexte, Alain Juppé est en moyenne considéré comme le candidat le plus proche des différentes catégories d’entreprise : Start-Up, TPE / PME et grandes entreprises. Toutefois, Nathalie Kosciusko-Morizet et Bruno Le Maire – candidats à la Primaire voulant incarner un renouveau – sont étroitement associés au Start-Up. A l’inverse, Nicolas Sarkozy est massivement perçu comme proche des grandes entreprises. A gauche, Emmanuel Macron remporte la mise qu’elle que soit la taille d’entreprise considérée. Néanmoins Arnaud Montebourg, défenseur du « Made In France », fait jeu égal avec le fondateur d’En Marche sur le segment des TPE / PME. Notons enfin la faible incarnation de François Hollande sur le terrain de l’entreprise, notamment s’agissant des TPE et des Start-Up (11% et 10% soit la dernière place du classement.
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