La retraite, un « serpent de mer » chez les non retraités
Attendue comme la mesure emblématique du deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron, la réforme des retraites, occupe aujourd’hui une place centrale dans le débat public. Pour autant, occupe t elle la même place dans les préoccupations des Français les plus concernés par toute réforme du système, c’est à dire les personnes pas encore retraitées ? Clairement non, puisque seuls 27% des non retraités affirment penser « souvent » à leur future retraite, contre 39% qui y songent « de temps en temps », 23% « rarement » et 11% « jamais ».
Sans surprise, ces résultats apparaissent étroitement corrélés à l’âge des répondants : alors que plus d’une personne de 50 ans ou plus sur deux déclare penser souvent à la retraite (54%), ce taux diminue à mesure qu’on rajeunit pour s’établir à seulement 9% chez les 18 24 ans, pour qui la retraite demeure une perspective lointaine. Lointaine… et relativement floue puisqu’à peine un quart des non retraités (27%) s’estiment bien informés sur les conditions de leur future retraite. Ces résultats montrent ainsi le fossé qui sépare une part largement majoritaire de la population non retraitée et cette période de «l’après vie active ».
Une retraite de plomb plutôt qu’une retraite dorée
A une certaine mise à distance de la retraite se conjugue une forme de pessimisme sur ce moment de la vie. En effet, les futurs retraités s’attendant
globalement à être perdants financièrement quand viendra enfin leur tour. C’est notamment le cas concernant le pronostic sur le montant de leur future pension de retraite : les non retraités estiment que celle ci s’élèvera en moyenne à 60,4% de leur dernier salaire, dont plus d’ un tiers (37%) s’attendant même à ce qu’elle soit inférieure ou égale à la moitié de leur revenu !
Le pessimisme s’exprime aussi sur le niveau de vie attendu : plus de sept personnes sur dix (72%) s’attendant ainsi à avoir un niveau de vie moins élevé qu’aujourd’hui une fois à la retraite, quand seuls 18% anticipent une forme de stabilité et 10% une hausse. A ce titre, il est intéressant d’observer que les 35 ans et plus sont davantage pessimistes (80%), de même que les plus aisés (79%). Un pessimisme auquel s’ajoute un sentiment de dé classement également relevé dans d’autres études puisque les trois quarts des personnes interrogées considèrent que leur niveau de vie à la retraite sera inférieur à celui de la génération de leurs parents au même moment de la vie une attente cette fois plus aigüe chez les plus modestes (78%).
Une demande de moyens pour sanctuariser leur pouvoir d’achat une fois à la retraite
La crainte d’une retraite mal connue et surtout mal récompensée l’emporte tellement dans les esprits que, une fois invités à arbitrer entre âge de départ à la retraite et montant des pensions, les non retraités se prononcent à une large majorité pour une augmentation de l’âge légal en échange d’une augmentation des pensions (61%), plutôt que qu’abaisser ce seuil en échange d’une baisse des pensions (39%).
Dans le contexte actuel d’inflation, c’est ainsi l’argument de la préservation du pouvoir d’achat qui l’emporte plus que jamais. En témoigne le fait que 79% des non retraités affirment avoir d’ores et déjà recouru à au moins un placement permettant d’améliorer leur situation financière à la retraite, comme une épargne bancaire (58%) ou une assurance vie (43%), seuls 23% ayant mis en place un produit d’épargne dédié à la retraite. Dans l a jungle des placements et des moyens d’améliorer son niveau de vie à la retraite, les non retraités comptent avant tout sur leur employeur (46%) pour l es informer efficacement sur les solutions à mettre en oeuvre. Un acteur clé suivi par les banques (27%), à égalité avec les conseillers en gestion de patrimoine (27%) ce dernier acteur étant davantage cité par les cadres (38%), les dirigeants d’entreprise (56%) et les catégories aisées (43%).