A deux semaines du premier tour des élections départementales, seuls trois de nos concitoyens sur dix connaissent le nom du Président de leur Conseil Général (29%) – 15% pensent le savoir, mais à tort –, attestant de la sorte du déficit de notoriété dont pâtissent ces institutions locales et leurs représentants. Les personnes les plus âgées semblent toutefois plus au fait que leurs cadets : 48% des personnes âgées de 65 ans et plus ont été en mesure de donner le nom exact du Président de leur Conseil général, contre 15% seulement pour les moins de 35 ans, qui lisent moins la PQR et les magazines édités par les Conseils Généraux. De la même façon, les habitants de l’agglomération parisienne sont en retrait (21%, -8 points par rapport à l’ensemble).
Pour autant, le faible intérêt que nos concitoyens semblent témoigner à l’égard de leurs représentants locaux et au sujet de la politique menée sur leur territoire ne doit pas être interprété comme de l’indifférence. Même si, à la question des transferts de compétence, environ un quart d’entre eux se dispense de donner un avis. Ceux qui se prononcent s’avèrent relativement partagés. Toutefois, de manière tendancielle, on observe que les Français interrogés penchent en faveur du maintien aux Conseils Généraux de chaque compétence testée. L’écart entre les personnes souhaitant que la compétence reste attribuée au niveau départemental et celles désirant que celle-ci soit transférée au niveau régional est tangible pour ce qui constitue le cœur d’activité de l’institution : l’action sociale – 44% des interviewés préfèrent que l’aide sociale reste gérée au niveau du Département (contre 31% qui préfèrent un transfert à la Région) -, les transports – les transports scolaires (44% contre 34%), l’entretien des routes départementales et des axes locaux (42% contre 36%) – ou enfin les aides au développement économique local (42% contre 34%). En revanche, sur la construction et l’entretien des collèges, il est difficile de dégager une inclinaison pour l’une ou l’autre des solutions, l’écart n’étant que de 4 points entre les partisans de la compétence départementales (41%) et ceux de la compétence régionale (37%).
Dans le détail et de manière assez attendue, il apparaît que les ruraux témoignent d’un attachement plus grand aux compétences du Conseil Général. Il en est ainsi concernant les transports scolaires (50%, +7 points par rapport aux urbains), l’entretien des routes départementales et des axes routiers locaux (45%, +3 points), les aides au développement économique local (47%, +6 points) ou la construction et l’entretien des collèges (45%, +6 points). Sans surprise, les partisans de la suppression des Conseils Généraux sont plus enclins à favoriser le transfert des compétences proposées aux Conseils Régionaux. Pour autant, il en demeure systématiquement environ un tiers pour se prononcer pour leur maintien au niveau départemental ! Enfin, il convient de noter que la question de l’action sociale du département est celle qui divise le plus équitablement les Français, quasiment aucun d’écart se faisant jour selon leur lieu d’habitation (45% des habitants de zone rurale préfèreraient qu’elle reste attribuée aux Conseils Généraux, 44% au sein des communes urbaines de province, 39% dans l’agglomération parisienne). Même le fait d’adhérer à la suppression des Conseils Généraux ne génère pas de rejet massif du maintien de la compétence au niveau départemental : 38% des interviewés favorables à la suppression des CG sont tout de même d’avis que cette compétence leur reste, contre 38% pour un transfert à la Région.
A deux semaines des élections les concernant, l’existence même des Conseils Généraux est questionnée et divise les Français : 52% d’entre eux se déclarent favorables à la suppression de l’institution locale. La légitimité de la représentation départementale, fortement affaiblie par l’impact de la crise économique et la sensibilité plus forte de nos concitoyens à la dépense publique, vacille en effet depuis le début de l’année 2014 où 6 Français sur 10 se prononçaient en faveur de leur suppression. C’est donc un certain rééquilibrage des positions qui s’observe aujourd’hui (52%, -8 points en faveur de la suppression de l’échelon), comme si les arguments déployés par les « départementalistes » à l’occasion des débats sur la réforme territoriale avaient fini par rencontrer un certain écho, notamment dans les campagnes. En effet, c’est parmi les ruraux que l’adhésion à la suppression a le plus reculé : -11 points par rapport à l’enquête d’avril 2014, contre -7 points parmi les urbains de province et -4 points en région parisienne.
Les clivages observés précédemment se vérifient, les personnes témoignant d’un attachement plus fort à l’institution étant, assez logiquement, plutôt en faveur de son maintien – 60% des habitants de communes rurales sont opposés à la suppression des Conseils Généraux (+14 points par rapport aux citadins). Quant au clivage politique, il s’opère davantage entre les partis dits de gouvernement et les extrêmes, qu’entre gauche et droite : 61% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon en 2012 et 57% de ceux de Marine Le Pen sont opposés à la suppression des départements, contre 39% des électeurs de François Hollande, 40% de ceux de François Bayrou, et 41% de ceux de Nicolas Sarkozy.
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