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Sondage 26/08/2010

L’état d’esprit des Parisiens à la libération de la capitale

A l’occasion du 66ème anniversaire de la libération de Paris, l’Ifop tient à vous faire partager les résultats d’une enquête menée dans la semaine suivant la libération de Paris. Ce sondage marque la seconde naissance de l’Ifop et constitue, au regard de ses conditions de réalisation et de certains de ses enseignements sur l’état d’esprit de la population parisienne, un moment historique pour l’institut.

D’un point de vue méthodologique, ce sondage a porté uniquement sur la population parisienne, à l’exclusion de la banlieue.
Plus de 1000 personnes ont été interrogées, comme le raconte Jean Stœtzel dans le rapport de l’enquête, « conformément aux proportions caractéristiques de la méthode de l’Institut, parmi des personnes des deux sexes[1], de tout âge (au dessus de 20 ans), appartenant aux différentes catégories professionnelles ». De son côté, Hélène Riffault insiste sur les difficultés concrètes de réalisation de l’enquête : « Il est juste de dire que les conditions étaient difficiles. Une vingtaine de personnes dispersées dans Paris avaient accepté d’être enquêteurs. Nous avons ronéotypé les questionnaires (une page sur du très mauvais papier) et nous sommes allés les porter avec nos bicyclettes (il n’y avait pas encore de transports en commun) à chacune de ces personnes… Les réponses ont été rapportées par les enquêteurs et nous avons compté les résultats à la main en faisant des bâtons puis calculé les pourcentages à la règle à calcul ». Jean Stœtzel insiste pareillement sur « la privation de relations postales et l’absence de courant électrique pour exploiter les résultats mais qui n’ont pas empêché d’effectuer tous les calculs et d’étudier les différences d’opinion qui se font jour dans toutes les catégories ».

Outre ces conditions extrêmes de fabrication, le sondage fournit des éléments précieux sur l’état de l’opinion parisienne, au lendemain de la libération.
En premier lieu, l’enquête comprend des éléments factuels sur la « semaine héroïque » ayant abouti à la Libération de Paris. Ainsi, 61,9% des Parisiens interrogés considèrent que le rôle des FFI a été d’une importance considérable dans la Libération de Paris, 92% pensent que le commandement allié a fait entrer intentionnellement en premier la Division Leclerc à Paris, et ce davantage pour une raison de courtoisie (73,9%) que parce que cela revenait de droit aux Français (6,8%).
Par ailleurs, 85,8% des Parisiens interrogés attribuent aux Allemands et Allemandes la responsabilité des coups de feu tirés des toits sur la population parisienne après la capitulation du commandement Von Choltitz du 25 août, la « résistance » allemande étant davantage expliquée par les sondés pour des raisons de prestige (34,5%) que pour des raisons militaires (29,2%). Surtout, l’enquête révèle qu’une majorité d’interviewés (55,6%) déclare être allé voir défiler le Général de Gaulle sur les Champs-Elysées. L’Ifop précisait à cet égard dans la revue Sondages publiée après l’enquête que « Parmi ceux qui n’y étaient pas, un bon nombre ont indiqué spontanément un motif à cette absence ; des raisons de famille ou des raisons de santé sont bien souvent évoquées ».  

Au delà de ces données très indexées sur l’événement en tant que tel, le sondage recèle une dimension plus prospective qui montre bien le sentiment d’euphorie s’étant emparé de la population parisienne. En effet, invités à pronostiquer la date de la fin de la guerre, 72,4% des Parisiens estiment que le conflit s’achèvera entre fin octobre et fin décembre 1944. Seuls 17% prévoient la fin de la guerre en 1945 ou plus tard. Jean Stœtzel note à ce propos qu’ « Il importe de souligner cependant que les variations d’opinion usuelles dues aux différentes catégories sociales, s’effacent cette fois devant l’amplitude des évènements. Le public semble avoir été entraîné par delà les réactions ordinaires de milieux ou d’âges, dans un grand mouvement d’enthousiasme collectif ».
Venant nuancer cette vague d’optimisme qui conduisit la population parisienne à sous estimer la capacité des forces allemandes à prolonger la guerre, les interviewés apparaissent à l’inverse bien conscients du rapport de force et du rôle des alliés dans la guerre, et ce malgré la censure et la difficulté sous l’occupation à accéder à une information fiable. Ainsi, une très nette majorité (61%) considèrent que l’URSS est la nation qui a le plus contribué à la défaite allemande alors que les Etats-Unis et l’Angleterre, pourtant libérateurs du territoire national, ne recueillent respectivement que 29,3% et 11,5%. Un sondage mené par l’Ifop en mai 1945, sur l’ensemble du territoire français désormais libéré, confirmera le point de vue de la population parisienne (URSS : 57%, Etats-Unis : 20%).
A cet égard, il convient de noter que cette perception de l’opinion publique s’inversera de manière très spectaculaire avec le temps[2]. En 1994, à l’occasion du cinquantième anniversaire du débarquement allié du 6 juin 1944, l’Ifop réalise une étude internationale pour Le Monde, CNN et USA Today[3] et pose de nouveau cette question relative à la nation ayant le plus contribué à la défaite allemande : 49% des Français interrogés citent les Etats-Unis, 25% l’URSS et 16% la Grande-Bretagne. Un sondage ultérieur mené en 2004[4] accentuera cette tendance avec 58% en faveur des Etats-Unis et 20% seulement pour l’URSS. Pour autant, en dépit de la reconnaissance par les Parisiens interrogés en 1944 du rôle majeur de l’Armée Rouge dans la défaite de l’Allemagne nazie, plus des deux tiers des personnes interrogées (69%) estiment que ce sont les Etats-Unis qui contribueront le plus au relèvement de la France après la Guerre. 13.8% citent l’Angleterre et seulement 6.2% mentionnent l’Union Soviétique.
Tout se passe comme si la population parisienne se rangeait déjà clairement dans le camp occidental alors que les tensions entre alliés préalables à la guerre froide étaient inconnues du grand public.
Cette confiance manifestée par les Parisiens envers l’allié américain bénéficie également à son chef : 72.2% des personnes interrogées déclarent souhaiter la réélection de Franklin Delano Roosevelt, à l’occasion de l’élection présidentielle américaine prévue en novembre 1944.

Document à télécharger

Rapport d'étude

Méthodologie de recueil

Echantillon de 1000 personnes, représentatif de la population française âgée de 20 ans et plus. La représentativité de l'échantillon a été assurée par un échantillonage de personnes des deux sexes, de tout âge appartenant aux différentes catégories professionnelles.. Les interviews ont eu lieu en face à face du 28 août au 2 septembre 1944.

Votre interlocuteur

Frédéric Dabi. Directeur Général Opinion

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