Alors que la nouvelle loi, dite « loi Duflot », portant à 25% la part des logements sociaux dans les communes de plus de 3500 habitants, vient de paraître au Journal Officiel, les Français interrogés par l’Ifop pour Acteurs Publics expriment un jugement sévère sur la politique du logement en France.
– En premier lieu, seuls 18% des personnes interrogées estiment que l’argent public consacré chaque année par la France à la politique du logement est utilisé de manière efficace. 82% sont d’un avis contraire. Aucune variation géographique significative ne peut être relevée dans des résultats qui ne semblent donc pas impactés par un quelconque contexte local.
– Chère et pas nécessairement efficace, la politique du logement pâtit notamment aux yeux des Français de son incapacité à aider les publics qui en ont le plus besoin. Seuls 20% des interviewés estiment en effet que l’objectif en ce domaine est atteint. Le caractère « social » de la politique menée est donc très clairement mis en cause par l’opinion. De ce point de vue, les catégories socioprofessionnelles populaires se montrent les plus circonspectes : 84% des ouvriers par exemple jugent que les publics les plus en nécessité ne sont pas correctement aidés, 28% estimant même que ce n’est « pas du tout » le cas, signe d’une attente forte de soutien dans les franges de la population potentiellement les plus précarisées.
– Invités à déterminer quelle aide parmi celles aujourd’hui au service de la politique du logement pourrait être supprimée, les Français interrogés sont une majorité relative (42%) à évoquer les aides fiscales à l’investissement locatif. Il est frappant de relever que le soutien à la disparition de ces dispositifs progresse nettement avec l’âge (elle est citée par 52% des 65 ans et plus contre seulement 27% des 18-24 ans). Les habitants des communes rurales (45%), de même que les cadres supérieurs et professions libérales (47%) sont par ailleurs les plus nombreux à évoquer cet aménagement de la politique du logement. Pour le reste, aucune hiérarchie particulière n’émerge quant à la suppression des autres aides testées. 17% des interviewés veulent mettre fin aux subventions à la construction de logements sociaux (rappelons que l’extension du parc social figure parmi les objectifs prioritaires du gouvernement, la nouvelle loi prévoyant une décote pouvant aller jusqu’à 100 % du prix des terrains publics pour la construction de HLM), une proportion équivalente au prêt à taux zéro. 14% souhaitent qu’on supprime la TVA à taux réduit dans le secteur du bâtiment (sachant que son taux devrait remonter à 10% dès le 1er janvier 2014), et 10% citent la disparition de l’aide personnalisée au logement. Les plus jeunes se montrent nettement plus sensibles que la moyenne à la suppression des subventions à la construction de logements sociaux (23% des moins de 35 ans évoquent cette piste, le taux montant à 29% chez les 18-24 qui en font leur première requête).
– Sur l’ensemble de ces suppressions d’aides envisagées, le clivage est surtout politique : les proches de la gauche mettent clairement l’accent sur l’alourdissement de la fiscalité, via la suppression des aides fiscales à l’investissement locatif (49%) et, à un degré moindre, la fin de la TVA à taux réduit pour le secteur du bâtiment (19%). A droite, si la suppression des aides fiscales à l’investissement locatif arrive aussi en tête des mesures citées (38%), c’est ensuite la disparition des subventions à la construction des logements sociaux qui est mentionnée (24%, contre 8% seulement parmi les sympathisants de gauche).
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