A l’occasion du Salon International de l’Agriculture, l’Ifop a réalisé pour La Coopération Agricole une enquête sur le rapport des Français à la production agricole et à la souveraineté alimentaire de la France.
Plus d’un tiers des Français estiment que la France n’est plus en mesure de nourrir l’ensemble de sa population
Dans un contexte où la majorité des Français considèrent que l’action des responsables politiques sur les enjeux alimentaires (66%) et agricoles (72%) est insuffisante, 36% ont le sentiment que la France n’a aujourd’hui plus les capacités de production alimentaire suffisantes pour nourrir l’ensemble de sa population. Si cette opinion apparaît assez homogène au sein de la population, les personnes estimant que les questions de l’alimentation et de l’agroalimentaire ne sont pas suffisamment prises en compte dans la campagne présidentielle sont encore plus pessimistes à ce sujet.
Identifiant une concurrence étrangère aux coûts moins élevés, les interviewés préconisent les circuits courts et les entreprises françaises
Si la majorité des Français (58%) considère que la France a encore aujourd’hui les capacités de production alimentaire pour nourrir l’ensemble de sa population (avec cependant 18% de « oui, tout à fait » seulement), la perception d’une certaine fragilité se fait jour. En effet, même si près d’un quart des répondants ne sont pas en mesure de se prononcer sur l’état de la balance commerciale agroalimentaire de la France, ils sont tout de même 4 sur 10 (39%) à la percevoir déficitaire alors que 16% l’imaginent encore excédentaire.
L’inversion progressive de la balance commerciale est selon les Français en premier lieu imputable à une concurrence étrangère qui bénéficie de conditions plus favorables, qu’ils s’agissent de couts de production moindres (55%), un impôt sur les entreprises moins élevé (33%) ou encore de règles et de normes plus souples (30%). Les lacunes « nationales » telles qu’un manque d’aide de l’Etat (21%) ou d’innovation (9%), voire une baisse de la qualité des produits alimentaires français (7%) sont bien moins citées par les répondants.
Afin de lutter contre ce déficit productif, les Français interrogés considèrent qu’il faut, dans le cadre d’appels d’offre passés par les écoles et les administrations françaises dans le domaine agroalimentaire (par exemple les cantines scolaires), privilégier au maximum le circuit court (44%) et les entreprises nationales (31%), cette préférence nationale étant particulièrement prégnante chez les sympathisants du Rassemblement National (48%). Ces impératifs locaux prennent le pas sur les considérations écologiques : 14% des répondants seulement estiment qu’il faut privilégier des produits qui respectent l’environnement, tandis qu’une minorité (5%) plaide pour un « laisser faire » sur les marchés publics afin de permettre des économies financières.
Si 3 Français sur 4 ont une bonne image du « progrès scientifique », l’augmentation de la place de l’agroscience afin de « produire mieux » n’est soutenue que par une courte majorité
76% des personnes interrogées déclarent avoir une bonne image du « progrès scientifique », opinion au demeurant encore assez peu constituée (seulement 9% en ont une « très bonne image ») et particulièrement prégnante chez les personnes les plus diplômées. Néanmoins, les apports bénéfiques de la science dans la production agroalimentaire ne semblent pas aussi évidents dans la mesure où « seuls » 52% des Français soutiennent qu’il est nécessaire d’augmenter la contribution de la science, quand 34% sont de l’avis contraire.