Les maladies cardiométaboliques demeurent dans l’angle mort des Français alors qu’elles les concernent tous.

Interview IHU ICAN x Ifop – Dr Raluca Pais, hépato-gastroentérologue à l’AP-HP, partage ses analyses sur les résultats de la 3ᵉ édition du baromètre cardiométabolisme

Dr Raluca Pais

L’étude révèle que seuls 30 % des Français connaissent le terme « maladies cardiométaboliques », alors qu’elles concernent des millions de personnes en France. Comment interprétez-vous ce niveau de connaissance encore limité et quels leviers vous semblent prioritaires pour renforcer la compréhension du public ?

En effet, les données de la 3e édition du baromètre de l’IHU ICAN confirment un décalage préoccupant entre la réalité médicale et la perception collective. Les maladies cardiométaboliques demeurent dans l’angle mort des Français alors qu’elles les concernent tous. Le diabète, l’obésité, l’hypertension artérielle, les dyslipidémies ou encore la stéatose métabolique hépatique sont responsables chaque année de nombreuses complications cardiovasculaires graves, entrainant des hospitalisations d’urgence et trop souvent le décès du malade.

Les maladies cardiométaboliques sont aujourd’hui un enjeu de santé publique majeur qui exige une réponse coordonnée entre prévention, diagnostic précoce et prise en charge personnalisée.

 

La stéatose métabolique hépatique illustre ce décalage entre prévalence et connaissance. Parmi les Français qui déclarent connaitre les maladies cardiométaboliques, seuls 3% l’identifient spontanément comme faisant partie de cette famille de pathologies ?

Pourtant, il s’agit d’une maladie extrêmement fréquente : elle touche près d’1 adulte sur 5 en France et peut entraîner des conséquences très graves. Totalement silencieuse, elle peut évoluer vers une inflammation chronique du foie (MASH), une cirrhose et, dans 10 à 20 % des cas, un cancer du foie. Selon l’Agence de la biomédecine, la stéatose métabolique hépatique est désormais l’une des premières causes de greffe du foie en France et dans les pays occidentaux. Cette maladie, étroitement liée au diabète, à l’obésité et à la sédentarité, est emblématique du dialogue entre les organes et notamment du dialogue cœur/foie.

Il est essentiel d’informer les Français sur ses complications possibles — inflammation chronique du foie, cirrhose, voire cancer — afin de favoriser un dépistage précoce et une prise en charge adaptée avant qu’elle engendre des complications irréversibles.

Une évaluation menée auprès des patients de la clinique MASH (AP-HP/IHU ICAN) a montré que parmi les patients suivis avec une stéatose et sans maladie cardiovasculaire connue au moment de la prise en charge, 30% avaient un risque cardiovasculaire élevé découvert grâce à un dépistage systématique par le score calcique coronaire mis en place dans le cadre du parcours de soins personnalisé de la clinique MASH.

 

Comment l’IHU ICAN se positionne-t-il pour lutter contre la progression de cette stéatose métabolique hépatique (MASH), qui touche aujourd’hui 30% de la population mondiale ?

En 2019, l’AP-HP et l’IHU ICAN ont mis en place la 1ère structure hospitalière de diagnostic et de prise en charge multidisciplinaire des patients atteints de stéatose métabolique en France : la clinique MASH, située sur le site de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Elle a pour objectif d’optimiser le diagnostic et la prise en charge des personnes atteintes de stéatose hépatique, de mieux contrôler leur maladie et de ralentir, voire freiner, son évolution vers des formes graves. Les patients réalisent en un seul jour tous les examens indispensables au diagnostic de leur pathologie et à évaluation de leur risque personnel d’évolution vers des formes plus graves ou de développer d’autres pathologies : exploration hépatique pour évaluer la sévérité de l’atteinte hépatique, exploration cardio-vasculairescore calcique coronaire pour identifier les lésions précoces d’athérosclérose, et exploration métabolique pour évaluer le risque de développer un diabète de type 2 et des comorbidités métaboliques. Plus de 600 patients ont déjà pu en bénéficier.

Pour mieux comprendre la MASH et y apporter des solutions durables, l’IHU ICAN mène également des projets de recherche dédiés, dont la mise en place d’une cohorte de patients afin de mieux identifier et mieux connaître les facteurs responsables de la progression de la maladie.

Plus d’informations sur la clinique MASH : https://ihuican.org/clinique-nash-2/

 

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