Dans un paysage médiatique en pleine transformation, une nouvelle génération de journalistes redéfinit les codes du métier : nouveaux formats, nouvelles voix, nouveaux usages de l’IA.
À travers son étude menée avec l’Ifop, Angie explore les aspirations, les pratiques et les valeurs de ces jeunes professionnels qui repensent le journalisme de demain.
Dans cet entretien, Amélie Aubry, VP RP/Influence & Associée chez Angie, revient sur la genèse de cette collaboration et sur les grands enseignements de l’étude.

Question 1 : Pouvez-vous nous présenter Angie et revenir sur la genèse de cette collaboration avec l’Ifop autour de la nouvelle génération de journalistes ?
Tout est parti d’une observation : une génération arrive avec d’autres codes, d’autres icônes, d’autres outils en matière de journalisme.
Elle s’inspire autant de Jean-Pierre Pernaut que d’Hugo Décrypte, brouille la frontière entre média et influence et redéfinit la crédibilité. C’est ce mouvement que nous avons voulu mesurer avec l’Ifop : comprendre qui sont ces jeunes journalistes, ce qui les anime, comment ils réinventent leur rapport à l’information, la façon dont ils apprivoisent l’IA.
Chez Angie, ce sujet est au cœur de notre réflexion métier : agence indépendante depuis plus de 35 ans, nous aidons les entreprises et les marques à révéler leur singularité désirable. Au cœur du réacteur : la culture et l’expertise du narratif de marque. Comprendre comment agissent les médiateurs de confiance est indispensable si l’on veut voir ce narratif prendre vie auprès des différentes audiences utiles et pertinentes pour la marque.
“La nouvelle génération ne veut plus intégrer un média, elle veut devenir un média.”
Amélie Aubry
VP RP/Influence & Associée chez ANGIE
Question 2 : L’étude révèle un tournant générationnel : près de huit jeunes professionnels sur dix (78%) souhaitent créer leur propre média, et 62% des étudiants en école de journalisme se projettent comme créateurs de contenus.
Comment expliquez-vous cette aspiration à davantage d’autonomie et d’entrepreneuriat ?
Ce n’est plus un phénomène marginal, c’est un mouvement de fond. La nouvelle génération ne veut plus intégrer un média, elle veut devenir un média.
62 % des étudiants en école de journalisme se projettent déjà comme créateurs de contenus et 36 % vont jusqu’à vouloir créer leur propre média.
C’est une rupture culturelle : ils ne veulent plus simplement informer, ils veulent incarner. Faire de l’enquête, oui, mais dans un format vertical. Raconter, mais à la première personne. Cette génération a grandi dans un monde d’interaction, pas de diffusion. Elle veut affirmer une voix, un ton, une posture.
L’entrepreneuriat médiatique devient un prolongement naturel du métier. La carte de presse n’est plus une fin, c’est un tremplin.
Question 3 : Autre enseignement marquant : 88% des jeunes journalistes interrogés utilisent déjà l’intelligence artificielle dans leur quotidien professionnel, dont un quart plus de deux heures par jour.
Comment percevez-vous le rôle de l’IA dans la transformation des pratiques journalistiques ? Constitue-t-elle avant tout un outil de productivité et de créativité, ou impose-t-elle au contraire de nouveaux défis en matière de rigueur et d’éthique ?
L’IA s’est invitée dans les rédactions, et elle n’en repartira pas. 83 % des étudiants et 88 % des jeunes professionnels l’utilisent déjà, dont 15 % et 26 % plus de deux heures par jour. Pas seulement pour synthétiser ou traduire : l’IA sert à sourcer des experts, vérifier des faits, corriger les biais idéologiques et politiques inconscients, ou tester des angles.
Mais les garde-fous restent fragiles : à peine la moitié vérifie systématiquement les informations, et moins d’un tiers croise les résultats entre plusieurs IA. L’outil avance plus vite que la vigilance. L’IA ne remplace pas la rigueur, elle la met à l’épreuve.
Surtout, elle déplace le terrain du journalisme : l’information ne se joue plus seulement dans les rédactions, mais dans les bulles conversationnelles qu’elle alimente. Et c’est là que tout se reconnecte. Journalistes, créateurs, communicants partagent désormais la même responsabilité : celle de faire émerger, dans ces bulles, des voix crédibles et des récits justes.