Les escroqueries en ligne, et en particulier l’arnaque au faux support technique, touchent de plus en plus les séniors, devenus une cible privilégiée des cybercriminels. Pour mieux comprendre leurs fragilités numériques et identifier les leviers de protection, Microsoft a mené une étude dédiée.
Arnaud Jumelet, Responsable Sécurité chez Microsoft France, nous en présente les principaux enseignements et les actions à mettre en place pour sensibiliser, prévenir et accompagner les plus âgés face aux risques numériques.
Question 1 : Pourriez-vous nous présenter le contexte dans lequel cette étude a été menée et pourquoi il vous a semblé important, aujourd’hui, de mieux comprendre le rapport des séniors au numérique ?
Arnaud Jumelet : Il est de notoriété publique que les escroqueries en ligne se multiplient. L’arnaque au faux support technique, en particulier, est devenue la 3e menace cyber la plus fréquente en France d’après le dernier rapport de Cybermalveillance.gouv.fr. Notre marque Microsoft fait d’ailleurs partie des plus usurpées par les cyber-escrocs. Ce type d’arnaques se propage et les malfaiteurs adoptent des modes opératoires toujours plus agressifs et lucratifs.
Il nous paraissait essentiel d’analyser la manière dont les populations les plus vulnérables, souvent plus éloignés des usages numériques, réagissent à ce type de menaces. Nous avons voulu évaluer leur niveau de confiance, leurs craintes et leurs réflexes, car identifier leurs vulnérabilités nous permet de concevoir des actions de sensibilisation et d’accompagnement plus efficaces. C’est aussi le meilleur moyen de donner des clés aux autres générations pour qu’elles puissent, à leur tour, protéger et guider leurs proches les plus expo
Question 2 : L’étude révèle que 76 % des séniors expriment une émotion négative face à un problème informatique, et que seuls 16 % connaissent précisément les démarches à suivre en cas d’arnaque en ligne. Qu’est-ce que ces résultats disent, selon vous, des fragilités numériques actuelles chez les séniors ?
Arnaud Jumelet : Ces chiffres sont parlants, car ils révèlent les deux faces d’une même pièce.
D’un côté, une méconnaissance du numérique qui se traduit par le manque de réflexes au sein de cette population. La plupart des séniors ne savent pas comment réagir correctement face à un incident numérique : ils risquent alors de prendre de mauvaises décisions, pouvant entraîner des conséquences financières importantes.
Et de l’autre une fragilité psychologique : le manque de confiance en soi et la crainte de mal faire les poussent à agir dans l’urgence, sous le coup du stress.
Ces deux facteurs (technique et émotionnel) expliquent que l’arnaque au faux support technique prospère et que les séniors sont devenus une cible privilégiée pour les cyber-escrocs, qui exploitent précisément ces vulnérabilités.
Lorsqu’ils sont confrontés à un problème informatique, le premier réflexe des séniors est bien souvent de se tourner vers leurs proches — enfants ou petits-enfants — pour obtenir de l’aide. Nous avons tous en tête, dans notre entourage, un parent ou un aîné qui nous a contactés dans l’urgence, parfois avec inquiétude, face à une situation numérique qu’il ne maîtrisait pas. Notre étude révèle que près de 40 % des séniors sollicitent un membre de leur famille en cas de souci informatique, ce qui confirme l’importance d’un accompagnement plus structuré.
Question 3 : Au vu de ces résultats, quelles actions ou orientations souhaitez-vous encourager (en termes de sensibilisation, de prévention ou d’accompagnement) pour mieux protéger et soutenir les séniors face aux risques numériques ?
Arnaud Jumelet : Tout l’objet de cette étude et de la campagne que nous menons s’articulent autour de trois priorités : la sensibilisation, la prévention et l’accompagnement.
Premièrement, la sensibilisation. En diffusant des messages simples et accessibles à tous, nous souhaitons sensibiliser le plus grand nombre. Concrètement, nous avons élaboré deux fiches pratiques : l’une à destination des séniors eux-mêmes, et l’autre pour leurs proches plus jeunes en qui ils ont confiance. L’objectif est de fournir à chacun des repères clairs pour reconnaître et savoir comment réagir face à ce type d’arnaques en ligne.
Deuxièmement, la prévention. Ces fiches listent très concrètement les bons réflexes à adopter si vous – ou l’un de vos proches – êtes confronté à une arnaque au faux support technique. Savoir, par exemple, qu’il ne faut jamais appeler le numéro affiché sur une alerte suspecte, ou qu’il faut penser à faire des captures d’écran et signaler l’incident, fait toute la différence. Enfin, l’accompagnement. En collaboration avec Cybermalveillance.gouv.fr et la section de lutte contre la cybercriminalité du Parquet de Paris, nous souhaitons faire savoir aux séniors et à leurs proches qu’ils ne sont pas seuls face à ces menaces. Ils peuvent compter sur des structures de soutien dédiées – pour signaler les arnaques, se faire assister dans leurs démarches, voire porter plainte le cas échéant.