Perceptions et réalités de vie en milieu rural – Vague 4

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19.11.25

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À moins d’un an des élections municipales de 2026, Familles Rurales a sollicité l’Ifop pour réaliser une nouvelle vague de son baromètre « Territoires ruraux : perceptions et réalités de vie ». Pour la quatrième fois, l’enquête menée auprès du grand public et des habitants d’une commune rurale prend le pouls de l’image du monde rural, de ses conditions de vie et des attentes à l’égard de l’action publique.

 

Les principaux enseignements de l’enquête :

 

  • Alors que le monde rural bénéficie toujours d’une bonne image, le sentiment de déclin et d’abandon s’accroît fortement de sorte à dépasser le niveau de 2018

Les ruraux conservent une image positive du monde rural et apparaissent tout aussi satisfaits d’y vivre (94% le jugent « agréable à vivre » ; stable depuis 2018). Néanmoins, s’ils ne remettent pas en cause l’attachement à leur mode de vie au sein d’une commune rurale, ils se montrent plus inquiets que jamais à l’égard de son attractivité. Plusieurs traits d’image positifs chutent et retrouvent les niveaux de 2018 : « qui connaît un renouveau » (-11 pts vs 2023), « attractif » (-8 pts), « dynamique » (-3 pts) et « moderne » (-6 pts). Plus préoccupant encore, les traits d’image négatifs progressent à des niveaux encore jamais atteints dans le cadre de ce baromètre : « l’abandon » (+8 pts vs 2018) et le « déclin » (+5 pts vs 2018).

Au sein du grand public, le monde rural bénéficie également d’une bonne image, mais l’embellie portée ces dernières années par « l’effet confinement » s’estompe. Le recul de plusieurs traits positifs et la hausse des perceptions négatives (65% « abandonné », +8 pts vs 2023 ; 58% « en déclin, +11 pts vs 2023) marquent le retour à un jugement plus pessimiste, même si l’image reste meilleure qu’en 2018.

Autre nouveauté notable de l’édition 2025 du baromètre : la « sécurité » en milieu rural est davantage valorisée. C’est la 5e principale motivation à s’installer dans une commune rurale (+6 pts chez les ruraux ; +5 pts chez le grand public).

 

  • En milieu rural, le déficit d’accès aux services publics – en particulier les services de santé – s’accentue significativement et participe de ce sentiment d’abandon

L’attractivité du monde rural est mise à mal par deux freins principaux, bien identifiés : le manque d’infrastructures publiques et la difficulté d’accès croissante aux services de santé. Une situation qui tend même à s’aggraver sur ces aspects depuis 2018.

    • Aussi bien pour le grand public que les ruraux, le déficit d’infrastructures publiques demeure non seulement le point faible numéro un du monde rural (cité notamment par 71% des ruraux, soit +6 pts vs 2018). Il s’amplifie également avec les années (63% estiment que la situation en matière d’accessibilité aux services publics s’est dégradée ; +5 pts vs 2018 et +36 pts vs 2003 !). La moitié des ruraux (50%) estime par ailleurs ne pas ou peu bénéficier de l’action des pouvoirs publics, contre un quart (26%) du grand public. Un écart qui illustre le sentiment de désengagement de l’État.
    • L’accès aux services de santé est identifié par les ruraux comme celui s’étant le plus dégradé au cours des dernières années (72% ; +15 pts vs 2018 et +36 pts vs 2003 !).

Dans ce contexte, les priorités d’action se concentrent sur le renforcement des services publics, avec en tête la lutte contre la désertification médicale (66% des ruraux ; 59% du grand public).

 

 

  • Chez les ruraux, l’engagement associatif se joue d’abord à l’échelle de la commune, à rebours d’un grand public davantage tourné vers des causes à plus grande échelle

Les ruraux s’engagent dans la vie associative autant que le grand public (43% vs 44%).Ils se distinguent cependant par la nature de leur engagement.

Premièrement, l’engagement des ruraux répond davantage à des enjeux locaux (et moins à des enjeux nationaux ou internationaux) : 52% des ruraux engagés agissent en priorité pour dynamiser leur territoire (+10 pts vs le grand public), loin devant le soutien à une cause nationale ou internationale (17% ; -8 pts vs le grand public). Les associations privilégiées relèvent d’abord de l’animation locale (36%), puis de la protection de l’environnement ou de l’aide aux personnes dépendantes (23% chacune).

Au global, le soutien communal à la vie associative est salué par la majorité des répondants (71% des ruraux et 81% du grand public) mais des disparités persistent entre les plus petites et les plus grandes communes rurales.

 

 

  • Elections municipales 2026 au sein des communes rurales : une mobilisation portée par des priorités locales

À moins d’un an des municipales 2026, les ruraux sont très majoritairement satisfaits de vivre dans le leur commune (88%). Cependant, plus de la moitié d’entre eux (56%) ne perçoivent pas de changement depuis les dernières élections en 2020.

Les qualités attendues du prochain maire convergent largement (compétence, capacité à gérer, honnêteté), mais les ruraux valorisent davantage la proximité (37% ; +6 pts), la défense des intérêts de la commune à l’extérieur (31% ; +11 pts) et le dynamisme (26% ; +8 pts).

Si le scrutin avait lieu dimanche prochain, 67% des ruraux inscrits se disent certains de voter (+11 pts vs grand public), confirmant la centralité de l’échelon municipal. Aussi bien pour le grand public que pour les ruraux, le socle des enjeux déterminants pour le vote municipal reste proche : santé, sécurité, gestion/finances, propreté, mais les hiérarchies internes diffèrent (le grand public valorise davantage la sécurité que les ruraux).

 

 

  • Les mobilités rurales font face à un triple défi : contraintes structurelles, insatisfaction à l’égard des infrastructures et pression budgétaire

La voiture individuelle reste centrale en ruralité : 34% des ruraux déclarent qu’aucune mesure ne les inciterait à s’en passer (+11 pts vs 2023 ; 22% dans le grand public). Principaux arguments en faveur des alternatives de transports pour les moins réfractaires : une offre de transports collectifs mieux adaptée (40% pour les ruraux ; 36% pour le grand public) – les contraintes financières ou réglementaires étant jugées moins efficaces.

Seulement 37% des ruraux se déclarent satisfaits des solutions de mobilité locales, contre 62% du grand public. Les écarts de satisfaction sont marqués sur tous les aménagements.

Près des deux tiers des ruraux (63%) dépensent plus de 70€ par mois pour leurs déplacements, contre 47% du grand public, et 38% jugent cet impact fort sur leur pouvoir d’achat (+8 pts vs le grand public). Ce poids reflète à la fois une plus grande dépendance à la voiture – coûteuse à l’achat et à l’entretien – et des distances quotidiennes plus importantes que celles parcourues en milieu urbain.

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