La fonctionnalité d’interpellation a montré qu’un consommateur informé peut réellement peser sur les décisions des marques.

Huit ans après le lancement de Yuka en France, son impact sur l’industrie agroalimentaire se confirme. Selon une étude Ifop menée auprès de 200 professionnels du secteur, l’application est devenue un véritable moteur de la reformulation des produits.

Julie Chapon, cofondatrice de Yuka, réagit et revient sur ce que ces résultats révèlent des évolutions profondes du secteur.

Julie Chapon, Co-fondatrice de Yuka

Crédit photo : Adelaïde Chantilly

Question 1 : La dernière vague du baromètre Ifop « Food Ingrédients » montre que 72% des Français connaissent l’application Yuka et que 43% l’ont déjà utilisée ce qui vous positionne en tête des applications de scan d’informations sur la composition des produits alimentaires et d’hygiène/cosmétique.
Quel objectif poursuiviez-vous en souscrivant au volet « miroir » de cette étude réalisée cette fois, auprès des professionnels de l’industrie agroalimentaire ?

Au quotidien, nous constatons très concrètement l’impact de Yuka sur les marques. Nous recevons chaque jour des messages d’industriels qui nous indiquent avoir reformulé leurs produits, ou qui cherchent à le faire et veulent comprendre comment leur future recette sera évaluée dans l’application. Nous avons même développé un simulateur dédié, qui leur permet d’anticiper la note de leurs produits et d’identifier précisément ce qui leur fait gagner ou perdre des points.

Ce ressenti terrain est constant, mais jusqu’ici il n’était pas quantifié. Souscrire au volet “miroir” de l’étude nous a semblé essentiel pour mettre un chiffre clair sur cet impact, et pour mesurer de manière objective à quel point Yuka influence réellement la formulation des produits. L’étude permet de matérialiser, chiffres à l’appui, une transformation que nous observons chaque jour : l’information indépendante change les décisions des consommateurs, et donc les priorités de l’industrie.

Question 2 :  L’étude montre que 78% des industriels prennent en compte leurs notes Yuka dans la (re)formulation de leurs recettes, et que 96% ont déjà reformulé une partie, voire la majorité de leurs produits au cours des 5 dernières années. Selon vous, qu’est-ce que cela révèle sur l’évolution du rapport de force entre consommateurs et industriels de l’agroalimentaire ?

Ces résultats illustrent un changement profond : le rapport de force s’est inversé au profit des consommateurs. Pendant des années, l’industrie pouvait décider seule de la composition des produits, sans que personne ne la remette en question. Aujourd’hui, l’accès à une information indépendante donne aux consommateurs un vrai pouvoir d’arbitrage, et leurs choix obligent les marques à revoir leurs recettes.

Notre étude d’impact menée auprès de 230 000 utilisateurs de Yuka en France le montre très clairement : 92% déclarent reposer en rayon les produits notés rouge. Quand un tel comportement devient massif, les industriels n’ont plus d’autre option que d’adapter leurs produits.

Ce que révèle l’étude Ifop, c’est que cette pression citoyenne n’est plus marginale : elle est devenue un moteur structurant de la transformation de l’agroalimentaire. Les consommateurs fixent les standards, et l’industrie s’aligne.

“La fonctionnalité d’interpellation a montré qu’un consommateur informé peut réellement peser sur les décisions des marques. ”

Julie Chapon
Co-fondatrice Yuka

Question 3 : Avec plus d’un million d’interpellations envoyées en 1 an aux marques utilisant des additifs à risque élevé, et un impact direct sur leurs (re)formulations, Yuka est devenue un véritable levier de mobilisation. Quelles sont désormais les prochaines étapes pour l’application, et comment comptez-vous renforcer encore, votre impact auprès des consommateurs, et surtout des industriels ?

 

La fonctionnalité d’interpellation a montré qu’un consommateur informé peut réellement peser sur les décisions des marques. En un an, plus d’un million de messages ont été envoyés aux industriels utilisant des additifs à risque élevé, et 58% d’entre eux déclarent avoir supprimé, ou être en train de supprimer, ces additifs.

Initialement, l’interpellation n’était possible que par email et sur X, et la fonctionnalité avait été lancée en France et aux États-Unis. Face à son succès, nous avons élargi les canaux à Instagram et LinkedIn, pour offrir davantage de possibilité d’interpellations publiques. Nous avons également étendu la fonctionnalité à l’Italie et à l’Espagne, afin d’accroître notre impact et d’accélérer la transformation des pratiques industrielles à l’échelle mondiale.

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