Baromètre « Les Français et les déchets abandonnés » (Vague 1)

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28.11.25

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Gestes Propres a mandaté l’Ifop pour réaliser son premier baromètre consacré aux déchets abandonnés, afin de mesurer la tolérance des Français à ces incivilités, la perception de l’exposition de leurs territoires et la part réelle de gestes non conformes aux bonnes pratiques. Cette enquête dresse ainsi un état des lieux précis des comportements et représentations liés aux mégots, petits et gros déchets laissés dans l’espace public, en ville comme dans la nature.

 

  1. Jeter un déchet par terre ou les déposer à côté d’une poubelle: des incivilités jugées aussi choquantes qu’uriner dans la rue

En matière de propreté des espaces publics, jeter un déchet au mauvais endroit compte parmi les incivilités les plus choquantes pour les Français interrogés, en particulier « jeter un déchet par terre » (55% de citations) ou « déposer des déchets à côté d’une poubelle dans la rue » (50%). A titre comparatif, ces comportements se placent un peu plus bas dans la hiérarchie que le fait de « laisser son chien faire ses besoins sans ramasser » (59%), mais à même niveau « qu’uriner dans la rue » (54%). Sur ce plan, seul « l’abandon d’un encombrant » sur le trottoir suscite légèrement moins d’indignation (42%).

 

  1. Les paysages français sont majoritairement perçus comme exposés à l’abandon de déchets

Le phénomène des déchets abandonnés dans l’espace apparaît particulièrement diffus. Quel que soit l’espace géographique, plus de la moitié des répondants juge « très fréquente » ou « assez fréquente » la présence de mégots, de petits déchets ou de gros déchets en dehors des espaces prévus à cet effet (avec des scores oscillants – pour chaque type de déchets – entre 46% et 92%).

Dans le détail cependant, des spécificités se dessinent :

  • Sur les types de déchet les plus fréquemment abandonnés tout d’abord : Au global, les petits déchets et les mégots de cigarettes abandonnés sont pour les interviewés bien plus visibles dans l’espace public que les gros déchets.
  • Sur les lieux les plus touchés, ensuite : Une hiérarchie d’exposition claire se dessine entre les territoires.
  • Les villes françaises (en général) sont unanimement perçues comme les territoires où l’abandon de déchets est le plus fréquent (91% des Français jugent « très fréquent ou assez fréquent » l’abandon de petits déchets, 92% de mégots de cigarettes et 80% de gros déchets).
  • Les espaces naturels et les abords des routes / autoroutes sont cités ensuite, avec des spécificités toutefois selon le type de déchet. Les abords des routes et des autoroutes est le deuxième lieu où les petits déchets et les mégots de cigarettes sont les plus visibles, tandis qu’il s’agit des espaces naturels pour les gros déchets.
  • Le quartier ou la commune de résidence sont systématiquement cités comme les espaces où l’abandon de déchets est le moins fréquent : 39% des interviewés déclarent que l’abandon de petits déchets y est rare ou inexistant, 34% pour les mégots de cigarettes et 54% pour les gros déchets.
  • Sur l’intensité de l’abandon, enfin : Le lieu de dépôt qui recueille le plus d’abandons « très fréquents » est les abords de routes ou d’autoroutes (48% pour les petits déchets, 49% les mégots de cigarettes et 25% les gros déchets).

 

  1. Avec de nettes disparités entre territoires urbains et ruraux

Une proportion significativement plus élevée de Français résidant au sein d’une commune de plus de 30 000 habitants (a fortiori d’une commune de 100 000 habitants ou plus), en agglomération parisienne ou à Paris intramuros pointent un abandon « très fréquent » de déchets à proximité de leur lieu de vie. Une dynamique identifiée sur l’ensemble des types de déchets. Par exemple, 37% des habitants d’une commune de 100 000 habitants ou plus estiment « très fréquent » l’abandon de petits déchets dans le quartier ou la commune où ils habitent (+22 pts par rapport aux habitants d’une commune de moins de 10 000 habitants), 39% l’abandon de mégots de cigarettes (+18 pts) et 20% l’abandon de gros déchets (+11 pts).

 

  1. Lorsque chaque petit déchet est considéré individuellement, les abandons déclarés restent marginaux …

Interrogés sur la manière dont ils se débarrassent le plus souvent d’un mégot usagé (pour les fumeurs) ou d’un petit déchet lorsqu’ils n’ont pas de poubelle/ cendrier à proximité, la quasi-totalité des sondés attestent d’un comportement exemplaire (98% citent une bonne pratique pour les petits déchets et 94% pour les mégots de cigarette), soit la preuve d’une bonne assimilation des consignes générales. Un constat à nuancer chez les fumeurs : 30% d’entre eux admettent pratiquer le mauvais geste (18% déposent leur mégot à un endroit où ils imaginent qu’il sera forcément ramassé et 16% le laissent sur place). Des niveaux bien plus élevés que pour les petits déchets (13% seulement déclarent pratiquer le mauvais geste).

Dans la pratique effectivement, peu de répondants déclarent avoir abandonné des petits déchets dans l’espace public au cours des 12 derniers mois (que ce soit en ville, dans la nature ou par la fenêtre d’une voiture). Exception faite de l’abandon d’une pelure de fruit dans la nature (16% de citations), l’abandon de chacun d’entre eux ne concerne qu’entre 1% et 8% des répondants.

Un constat paradoxal si l’on en croit la forte exposition perçue des paysages à l’abandon de ces déchets.

 

  1. … mais concernent un tiers des Français lorsqu’ils sont considérés dans leur ensemble

Le phénomène d’abandon de déchets tire en réalité toute son ampleur de l’accumulation de pratiques isolées. En effet, dans le cas où toutes les mauvaises pratiques sont prises en considération, l’abandon d’un de ces déchets au cours des 12 derniers mois concerne in fine un tiers des Français (35%). Dans le détail, 27% ont abandonné au moins un de ces types de déchets dans la nature, 18% en ville et 17% par la fenêtre d’une voiture.

Sont sur-représentés parmi eux  :

Les moins de 35 ans : 44% déclarent avoir jeté un petit déchet au cours des 12 derniers mois (+9 pts par rapport à la moyenne de l’échantillon). Comparativement à leurs ainés, une proportion supérieure de moins de 35 ans jette par exemple une pelure de fruit ou un mégot en ville (8% vs 5% au global dans les deux cas), un mouchoir jetable dans la nature (6% vs 3% au global) ou encore un chewing gum par la fenêtre d’une voiture (11% vs 8%).

Les habitants de Paris intramuros : 53%  (+18 pts par rapport à la moyenne) et se distinguent tout particulièrement par l’abandon plus récurrent d’une pelure de fruit (18% vs 5% au global), d’une bouteille en verre (8% vs 1%) ou d’un chewing gum (13% vs 6%) en ville / d’un mégot de cigarette à la campagne (15% vs 4%) / d’une pelure de fruit (14% vs 5%) ou d’un mégot de cigarette (9% vs 4%) par la fenêtre d’une voiture.

Ainsi que les CSP+ (46%) et les fumeurs (49%).

Il est par ailleurs assez intéressant de remarquer que la propension à abandonner ces petits déchets dans l’espace public n’est pas liée à la sensibilité environnementale.

 

  1. Pour lutter contre l’abandon des déchets, les actions doivent surmonter un certain nombre d’obstacles

a) Une part minoritaire (mais non négligeable) de Français ayant jeté au moins un déchet dans l’espace public au cours des 12 derniers mois admet avoir réalisé un acte incivil conscient, voire décomplexé :

31% des interviewés justifient de fait leur acte par l’un des arguments suivants : 9% que les poubelles sont toujours trop pleines, 9% trop loin, 5% que ce n’est pas ce type d’acte qui va changer quoi que ce soit, 3% que le ramassage des déchets est financé par les impôts, 2% que d’autres le font déjà, 2% que ce n’est pas leur ville et qu’ils ne se sentent par conséquent pas concernés

39% des répondants concernés n’auraient pas renoncé à abandonner des déchets face à un témoin, et en particulier lorsqu’il s’agit d’un proche (32%), d’un inconnu (25%) ou d’un enfant (24%).

b) Une proportion encore relativement faible compense ces comportements en ramassant les déchets abandonnés par d’autres. En l’occurrence, 9% des Français le font « souvent » et 7% « participent à des opérations de ramassages », tandis que 42% ne le font « jamais ».

 

c) De fausses croyances persistent également dans les esprits en matière d’abandon de déchets.

Un part significative d’interviewés estime que les déchets auront de « grandes chances » ou « d’assez grandes chances » d’être ramassées s’ils étaient laissés dans un espace pourtant inapproprié. Principaux espaces victimes de ces croyances : l’espace à côté d’une poubelle/ d’un container (34% de citations concernant les mégots de cigarettes, 62% les petits déchets et 68% les gros déchets), la plage (30% pour les mégots et 47% pour les petits déchets) ou le trottoir (28% de citations concernant les mégots de cigarettes, 47% les petits déchets et 66% les gros déchets). La probabilité que ces déchets soient ramassés dans des espaces naturels (chemin de campagne, forêt) apparait en revanche bien moins certaine. Au global, prédomine par ailleurs le sentiment que les gros déchets ont une plus grande chance d’être ramassés dans l’ensemble de ces espaces.

Les Français adhèrent par ailleurs à un certain nombre de préjugés pouvant contrevenir aux bonnes pratiques. Sur la liste d’affirmations présentée aux répondants : 14% seulement ne se sont pas trompés (en indiquant que de fausses affirmations étaient vraies). Les préjugés les plus ancrés sont les suivants : « Les déchets alimentaires peuvent être jetés dans la nature car ils sont biodégradables » (54% d’adhésion), « Il est possible de nettoyer les océans des déchets plastiques en utilisant des nouvelles technologies » (32%) ou encore « Si mon encombrant est en bon état, il vaut mieux le laisser dans la rue plutôt que de l’amener à la déchetterie » (14%).

 

d) En outre, le risque d’être puni en cas de déchet abandonné dans la rue n’est pas majoritairement considéré. 44% des Français estiment que le risque de recevoir une amende dans ces circonstances est élevé/ modéré (dont seulement 14% qu’il est « élevé ») contre 56% qu’il est  faible ou nul.

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