Le Rassemblement national continue de s’imposer avec force face aux autres candidats potentiels
À deux ans de l’élection présidentielle, le Rassemblement national reste le parti le mieux placé pour se qualifier au second tour, que ce soit dans l’hypothèse d’une candidature de Marine Le Pen ou de Jordan Bardella. Évalués entre 32 % et 35 % selon les scénarios, les deux candidats potentiels se placent devant le candidat en deuxième position avec parfois jusqu’à 17 points d’avance, ce qui offre au RN une avance considérable dès le premier tour.
Le Rassemblement national réussit à se maintenir à un haut niveau surtout grâce à sa position de premier parti de la « France qui travaille », celle des actifs (36 %), mais désormais également parce qu’il est en tête parmi les retraités (29 %), notamment les retraités issus des catégories populaires (39 %).
Enfin, le « duo » formé par Marine Le Pen, candidate « naturelle » et Jordan Bardella, candidat de relève en cas de condamnation définitive, fonctionne très bien auprès de l’électorat du RN. Ainsi, Jordan Bardella récupère jusqu’à 91 % de l’électorat Le Pen de 2022, mais aussi 38 % de celui d’Eric Zemmour et même 17 % de celui de Valérie Pécresse.
Raphaël Glucksmann parvient à déstabiliser une nouvelle candidature de Jean-Luc Mélenchon
Dans la course à l’incarnation d’une gauche capable de l’emporter pour la première fois depuis plus de dix ans, l’hypothèse d’une candidature de Raphaël Glucksmann parvient à faire jeu égal avec Jean-Luc Mélenchon, y compris en présence d’autres candidatures de gauche telles que celles de Fabien Roussel (2,5 %), Marine Tondelier (2 à 4 %) ou encore François Ruffin, qui ne dépasse pas les 5 % à ce stade.
Surtout, dans le scénario où la gauche n’est représentée que par Jean-Luc Mélenchon et Raphaël Glucksmann, l’avantage revient très légèrement à ce dernier, avec 15 % des intentions de vote contre 13 % pour Jean-Luc Mélenchon. Et pour cause, Glucksmann rassemble plus largement la gauche, en récupérant 70 % de l’électorat d’Anne Hidalgo de 2022, 54 % de celui de Fabien Roussel, 64 % de celui de Yannick Jadot et même un quart (26 %) de l’électorat de Jean-Luc Mélenchon, qui lui ne récupère « que » 57 % de son électorat de 2022.
Enfin, si François Ruffin est opposé à Jean-Luc Mélenchon, ce dernier conserve une avance de 2 points (12 % contre 10 %).
Édouard Philippe éclipserait une candidature de Gabriel Attal, sans pour autant réduire les chances du centre de se qualifier pour le second tour
Avec le départ d’Emmanuel Macron du pouvoir, le centre cherche une figure capable de porter l’héritage du macronisme en 2027. Dans cet exercice, les candidatures d’Édouard Philippe et de Gabriel Attal, tous les deux anciens Premiers ministres, incarnent deux orientations de ce courant, l’une plutôt marquée à droite, l’autre à gauche. Dans cet équilibre, l’électorat penche pour le moment plutôt à droite, plaçant Édouard Philippe entre 22 % et 26 % en cas de candidature unifiée au centre, contre 14 % pour Gabriel Attal dans la même configuration.
Les difficultés rencontrées par Gabriel Attal dans notre enquête proviennent d’une sous-performance auprès des retraités par rapport à Edouard Philippe (jusqu’à 10 points de différence) et au sein de l’électorat d’Emmanuel Macron de 2022 dont 42 % voteraient pour Edouard Philippe contre « seulement » 23 % pour Gabriel Attal, un handicap important pour espérer accéder au second tour.
En face-à-face, et dans l’hypothèse d’une gauche divisée, Édouard Philippe obtient 15 % des intentions de vote contre 8 % pour Gabriel Attal, laissant planer le risque, pour le centre, d’un possible échec au second tour au profit d’une gauche pourtant fragmentée.
Dans la « primaire » des Républicains, Bruno Retailleau conserve l’avantage face à Laurent Wauquiez
Sans préjuger des résultats de l’élection interne à la présidence des Républicains, notre enquête montre l’avance prise par l’actuel ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, dans l’opinion à droite. Avec jusqu’à 10 % des intentions de vote dans l’hypothèse d’une gauche quasiment unie, il devance largement Laurent Wauquiez, qui tombe à 3 % face à Édouard Philippe. Là encore, Bruno Retailleau devance son concurrent LR car il réussit à mieux mobiliser son propre camp (46 % des électeurs Pécresse de 2022 et 12 % de ceux de Zemmour voteraient Bruno Retailleau contre seulement 27 % et 3 % pour Laurent Wauquiez), tout en restant largement insuffisant face aux « poids lourds » que sont Jordan Bardella et Édouard Philippe.
Toutefois, Bruno Retailleau n’est, à ce stade, pas en capacité de s’imposer face au centre, même dans l’éventualité d’une division entre Gabriel Attal et Édouard Philippe, recueillant 7,5 % contre respectivement 8 % et 15 % pour les deux candidats centristes.
Au second tour, le Rassemblement national peut espérer l’emporter … sauf peut-être face à Edouard Philippe
Malgré les difficultés qu’il rencontre avec la justice, le Rassemblement national peut compter sur la solidité de ses figures de tête pour l’emporter au second tour de l’élection présidentielle, que ce soit Marine Le Pen ou Jordan Bardella.
Ce serait notamment le cas face à Jean-Luc Mélenchon, s’il parvenait à se qualifier pour le second tour — une hypothèse non appuyée par nos résultats au premier tour, mais jugée crédible au regard des performances passées du candidat. Dans ce scénario d’un duel Bardella-Mélenchon, le candidat du RN l’emporterait avec 67 % des voix contre 33 % pour Jean-Luc Mélenchon.
Pour l’heure, toutefois, c’est un duel avec Édouard Philippe qui semble le plus probable, selon nos résultats du premier tour. Dans cette configuration, le rapport de forces s’équilibre pour les candidats, laissant parfaitement ouvert le « match » du second tour, avec 50 % chacun en cas de face à face Philippe – Bardella et 52 % contre 48 % dans le cas d’un Philippe – Le Pen.
Dans l’hypothèse d’un second tour opposant Jordan Bardella à Gabriel Attal plutôt qu’à Édouard Philippe, le candidat centriste serait battu, recueillant 48 % des voix contre 52 % pour Jordan Bardella.
Enfin, dans l’éventualité, peu probable, d’un duel entre Jordan Bardella et Bruno Retailleau, le candidat du RN l’emporterait également, avec 53 % des suffrages.
