Question 1 : Depuis 2009, la direction générale de l’Aviation civile (DGAC) réalise une Enquête nationale auprès des passagers aérien. Après un arrêt des enquêtes entre 2016 et 2022, pour l’édition 2024, plus de 42 000 voyageurs dans 10 aéroports (représentant 87% du trafic passager national) ont été interrogés. Pouvez-vous nous expliquer les objectifs principaux de cette enquête ?
La DGAC dispose déjà d’un ensemble d’informations très utiles sur les vols réalisés passés, les programmes de vols futurs, et leurs nombres de passagers. Cependant la nature des passagers ne fait pas partie de ces données. Pour quelles raisons volent-ils ? D’où viennent-ils ? Voyagent-t-ils seuls ou en famille ? Autant de questions qui sont posées depuis longtemps sans réponse de source fiable.
Dès 2007, le Comité national de l’information statistique identifiait le besoin de mesurer ces sujets pour éclairer la connaissance et la décision publique.
C’est pour répondre à ces questions que l’ENPA fut créée. Cette enquête fournit une photographie de la sociologie des passagers, de leurs motivations et des caractéristiques de leurs voyages. Les résultats de l’enquête sont ensuite utilisés par la DGAC pour des applications concrètes telles que les prévisions de trafic, le calcul de l’indice des prix du transport aérien, et pour éclairer les politiques publiques.
La reprise des enquêtes après une pause entre 2016 et 2022 a permis de mesurer des évolutions structurelles dans la demande de voyage et l’usage de l’avion.
Question 2 : Si des évolutions fortes ont été observées entre la période avant Covid et les résultats de l’enquête réactualisés à partir de 2023, on observe en 2024 une stabilité globale des résultats d’une année sur l’autre quant au profil et aux comportements des voyageurs ? Que dit la stabilité globale des résultats d’une année sur l’autre sur les comportements des voyageurs ?
Nous constatons globalement sur l’historique disponible que les évolutions d’une année à l’autre des différents indicateurs sont faibles. Les évolutions dans la société et les habitudes de consommation répondent généralement à des tendances longues. Il en va de même pour la relation à l’avion.
Néanmoins, lorsque nous nous prenons du recul sur plusieurs années d’enquête, nous observons des tendances long terme se dessiner. Le covid a certes représenté une rupture forte, mais grâce à nos enquêtes disponibles quelques années avant et après, nous pouvons détecter que ces tendances de fond étaient déjà en cours et semblent se prolonger.
L’enquête montre aussi que les variations au cours d’une années sont conséquentes, ce qui peut d’ailleurs expliquer certaines variations entre nos résultats annuels qui sont basés sur des semaines considérées représentatives. Ces constats ont amené la DGAC à orienter la suite de l’enquête différemment. En 2025, l’enquête se déroule en continu sur toute l’année et ne sera pas reconduite avant 2028. Ainsi nous serons en mesure de mieux quantifier les variations saisonnières.
Question 4 : L’édition 2024 de l’enquête confirme un rajeunissement structurel : les moins de 35 ans représentent 46 % des voyageurs (+6 points vs 2016). Par ailleurs, les employés et ouvriers pèsent désormais 31 % des passagers (+7 points vs 2016). Que révèlent ces évolutions sur les transformations du profil des passagers aériens ?
En premier lieu, il faut bien distinguer les éléments factuels que l’enquête nous permet de mesurer et l’interprétation qui peut en être faire. Il est indiscutable que les part de jeunes ou d’employés non-cadres augmentent dans les avions quand leur part diminue dans la population générale.
Ce qui signifie donc que ces populations ont de plus en plus recours à l’avion.
On peut supposer que derrière ce constat se trouvent un mélange d’évolution des modes de vie et l’impact du développement d’offres à bas coût. Des analyses plus poussées devraient permettre d’en savoir plus et nous y travaillons avec ardeur. La DGAC prévoit d’enrichir ses publications sur ces sujets dans un avenir proche.
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