Les Français ont largement eu recours aux outils numériques dans différents domaines durant la crise sanitaire avec toutefois un sentiment d’intrusion des vidéoconférences exacerbé dans le cas d’une utilisation contrainte, notamment chez les plus jeunes.
Durant la crise sanitaire, 51% des interviewés ont eu recours à des outils numériques (accessibles via internet ou une application) dans le domaine de la santé/ médecine, 41% dans le domaine du travail (et 26% se déclaraient non concernés) et 38% dans le domaine de l’éducation (28% de non-concernés). Mais ces taux de recours deviennent des phénomènes de masse auprès des personnes les plus concernées :
- Parmi ceux qui ont le plus eu recours au numérique dans le domaine de la santé/médecine : les catégories supérieures (57%, +6pts vs ensemble), les personnes habitant en région parisienne (55%, +6pts vs la province) et les personnes avec des enfants au foyer, notamment celles avec 3 enfants et plus (77%, +26pts vs l’ensemble).
- Assez logiquement dans la mesure où forment le gros bataillon du télétravail, les catégories professionnelles supérieures et notamment les cadres ont quasiment tous eu recours aux outils numériques dans le cadre de leur travail (respectivement 83% et 90%). Les personnes habitant en région parisienne y ont également plus eu recours (55%, +14pts vs l’ensemble). A l’inverse 61% des 65 ans et plus, majoritairement retraités, ont déclaré n’être pas concernés par ce domaine (+35pts vs l’ensemble).
- Les 18-24 ans sont quant à eux 75% à avoir eu recours aux outils numériques dans le domaine de l’éducation durant la crise sanitaire, de même que 81% des parents d’enfants qui ont du accompagner leur progéniture dans leur travail scolaire. A l’inverse, 54% des 65 ans et plus, n’étant ni étudiants ni parents d’enfants encore scolarisés, ont déclaré n’être pas concernés par ce domaine (+26pts).
- Parmi les utilisateurs d’outils numériques dans le domaine de la santé et la médecine, un peu plus d’un tiers (36%) a perçu l’utilisation de services vidéos comme une intrusion dans son espace personnel. Cette proportion grimpe à 48% pour les utilisateurs d’outils numériques dans le domaine de l’éducation, et 49% pour les utilisateurs d’outils numériques dans le domaine du travail. On peut faire l’hypothèse que plus l’utilisation des services vidéos est contrainte (requise dans le cas du travail ou de l’éducation), plus le sentiment d’intrusion est fort. A l’inverse, le fait d’avoir recours aux outils numériques dans le domaine de la santé relève davantage d’un arbitrage personnel et peut donc accroître son acceptabilité.
- Par ailleurs, qu’il s’agisse de la santé, du travail ou de l’éducation, on constate une plus forte sensibilité au caractère intrusif des services vidéos chez les plus jeunes. Ainsi, 55% des 18-24 ans jugent intrusifs les services vidéos dans le domaine de la santé (+19pts vs l’ensemble), 61% dans le domaine de l’éducation (+13pts) et 66% dans le domaine professionnel (+17pts).
Durant le confinement, une majorité des personnes interrogées a eu recours à la vidéoconférence pour son usage personnel et plus d’un tiers d’entre eux a pris en considération la protection des données personnelles dans son utilisation.
- 58% des Français ont utilisé au moins une solution de vidéoconférence pour leur usage personnel durant le confinement, au premier rang desquelles Whatsapp (36%), Skype (23%) et Zoom (17%). Viennent ensuite de manière plus confidentielle Facebook Meeting (5%), Google Meet (3%), Google Hangout (2%), Houseparty (1%).
- Les 18-24 ans, « digital natives » et donc naturellement habiles pour s’adapter aux contraintes imposées par cette période, sont particulièrement nombreux à avoir utilisé la vidéoconférence pendant le confinement (79%, +21pts vs l’ensemble), de même que les catégories professionnelles supérieures et notamment les cadres (respectivement, 80%, +22pts et 90%, +32pts), ainsi que les personnes vivant en région parisienne (76%, +18pts).
- Dans l’ensemble, 31% des répondants considèrent que le critère de protection des données personnelles a joué un rôle dans leur utilisation (ou non) et leur choix de solution de vidéoconférence. Il s’agit donc d’une dimension d’arbitrage importante mais qui n’est pas la seule à influencer l’usage de la vidéoconférence. Dans le détail, le critère des données personnelles a influencé 22% des personnes qui n’ont pas eu recours à la vidéoconférence et 38% des personnes y ont eu recours dans le choix de l’outil.
- Le critère des données personnelles dans le non-recours à la visioconférence est deux fois plus important chez les jeunes que dans la population générale: ainsi 45% des 18-24 ans qui n’y ont pas eu recours invoquent les données personnelles, vs 22% pour l’ensemble.
- En revanche, l’importance des données personnelles dans le choix d’une solution de vidéoconférence en particulier varie peu en fonction de l’âge des répondants. Ce sont ici les catégories populaires qui sont plus nombreuses à prendre ce critère en considération (47% vs 35% pour les catégories aisées).
1 actif sur 10 s’est vu imposer un contrôle de santé par son employeur et un quart des personnes en télétravail se sont senties davantage surveillées durant le confinement ; les plus jeunes ont été particulièrement mal à l’aise de dévoiler l’intérieur de leur foyer durant cette période.
- Les actifs en poste sont 12% à déclarer avoir eu un contrôle de santé imposé par leur employeur : 6% une ou plusieurs prise de température, 4% ont dû remplir un questionnaire sur leur état de santé, 4% ont eu à réaliser un test de dépistage de la covid-19 et 1% se sont vu demander de télécharger StopCovid. Parmi les actifs qui ont été soumis à un contrôle de santé imposé par leur employeur, les 18-24 ans sont surreprésentés (29%, +17pts), ainsi que les ouvriers (16%, +4pts).
- 42% des actifs en poste ont été en télétravail pendant le confinement obligatoire et cette part monte à 86% chez les cadres et professions intellectuelles supérieures. Parmi ces personnes en télétravail, 1 sur 4 (26%) a le sentiment d’avoir davantage été surveillée par son employeur pendant cette période. Chez les personnes qui expriment ce sentiment 10% en ont été perturbés et 16% ne l’ont pas été. Les 18-24 ans sont particulièrement nombreux à avoir le sentiment d’avoir été davantage surveillés (69%, +43pts).
- 1 personne sur 3 qui a été en télétravail a été mal à l’aise que son employeur et ses collègues puissent voir à l’intérieur de son foyer durant cette période. Là encore, c’est particulièrement le cas des jeunes (51% des moins de 35 ans, +15pts) et notamment des 18-24 ans (66%, +30pts), mais également des personnes en agglomération parisienne (50%, +14pts).