Le rapport de forces au premier tour apparaît semblable à celui observé au mois de mai, et ne connait pas de changement majeur à quelques jours du scrutin. En effet, l’ordre d’arrivée au premier tour reste encore incertain, mais Xavier Bertrand garde un avantage sur la tête de liste du Rassemblement National puisqu’il apparait en position de remporter le second tour en cas de triangulaire. Le président de la Région conserve une base électorale « attrape tout » solide, et sa position de sortant le renforce dans ce scrutin (95% des personnes ayant voté pour lui en 2015 pourraient renouveler leur soutien). Toutefois, Sébastien Chenu, à la tête de la liste RN, reste en embuscade dans ce scrutin, et même si son score au premier tour reste pour l’instant inférieur à celui de Marine Le Pen en 2015, un second tour en quadrangulaire pourrait lui permettre de se rapprocher fortement du candidat de la droite. C’est l’enseignement majeur de ce sondage : l’écart entre les listes de Xavier Bertrand et celle de Sébastien Chenu se resserre, au point qu’elles feraient jeu égal au second tour en cas de quadrangulaire, à 35% des suffrages chacune.
Par ailleurs, malgré la constitution d’une large liste d’union à gauche, Karima Delli ne semble pas en position d’entrer réellement dans le match, tout comme la liste de la majorité présidentielle souffrant certainement d’un fort déficit de notoriété de sa tête de liste. Si la candidate de la gauche semble en capacité de se qualifier pour le second tour avec 20% d’intentions de vote au premier, la situation est plus incertaine pour la liste LREM qui recueille à peine 10% d’intentions de vote, l’électorat d’Emmanuel Macron étant « siphonné » par Xavier Bertrand (40% des électeurs du président de la République en 2017 voteraient pour le candidat de la droite).
Sur les thèmes prioritaires pour les habitants des Hauts-de France, on observe une certaine superposition des électorats : d’abord de ceux de la gauche et de LREM, puis de Xavier Bertrand et du RN. En effet, les potentiels électeurs de Karima Delli semblent avoir globalement les mêmes préoccupations que ceux de Laurent Pietraszewski (la santé, l’éducation, la maîtrise du niveau des impôts). Chez les électorats LR et RN, la lutte contre la délinquance et le terrorisme apparaissent au même niveau de priorité, signe d’une certaine « porosité » entre les deux. Ce sont peut-être ces similitudes qui expliquent le schéma électoral dans la région des Hauts-de-France, avec d’une part des listes qui ne parviennent pas à émerger dans ce scrutin, et d’autre part une forte proximité électorale entre le président sortant et celui qui apparait comme le « challenger » de ce scrutin.