Soixante ans après la « Toussaint Rouge », le 1er novembre 1954, journée durant laquelle le Front de libération nationale (FLN) a commis une série d’attentats sur le territoire algérien marquant le début de la guerre d’Algérie, Le Monde et la Fondation Jean Jaurès ont souhaité revenir sur cet événement marquant de l’Histoire de France. Le sondage réalisé par l’Ifop montre que plus de soixante ans après les Accords d’Evian, les Français portent désormais un regard plus distancié voire dépassionné à l’égard de ce conflit, à l’exception du segment des personnes interrogées de plus de 70 ans, c’est à dire les personnes contemporaines de la Guerre d’Algérie (celles qui avaient au moins 18 ans en 1962). De la même manière, les réponses des Français restent fortement indexées sur le clivage gauche-droite.
Au moment d’évoquer la guerre d’Algérie, l’analyse des termes spontanément mentionnés par les Français met en avant la dimension coloniale du conflit (« colonisation, colonialisme”) les horreurs héritées de la guerre (ce terme étant beaucoup lus cité qu’ »événements”), insistant sur leur nombre (« beaucoup », « morts ») et la volonté de nombre d’entre eux de tourner la page (« passé »). Le devenir des communautés Pieds-Noirs et Harkis est également évoqué. L’arrivée des Pieds-Noirs en France est d’ailleurs considérée comme l’événement le plus marquant de la guerre d’Algérie (59%), juste devant la libération d’un peuple colonisé (54%). Opère un clivage politique sur cette question. Les sympathisants du Parti Socialiste parlent davantage d’une guerre de libération pour un peuple colonisé (62% de citations au total), tandis que les sympathisants de l’UMP et du Front National penchent plutôt pour l’arrivée des Pieds-Noirs en France (respectivement 62% et 68% de citations). Le retour au pouvoir du Général de Gaulle est mentionné par 41% (50% à l’UMP) et ce beaucoup plus que le Putsch des Généraux et l’OAS : 14%). Relevons enfin que l’abandon des Harkis constitue l’événement le plus cité par les contemporains de la Guerre d’Algérie (49% chez les plus de 70 ans).
L’indépendance de l’Algérie est par ailleurs perçue comme un événement bénéfique aux deux pays. Environ deux tiers des Français estiment que la fin de la colonisation a été une bonne chose pour l’Algérie (68%) et pour la France (65%). Les contemporains de la guerre sont légèrement moins positifs (respectivement 55% et 60%). La place accordée à la guerre d’Algérie à l’école est jugée insuffisante. 54% des personnes interrogées déclarent que l’on n’en parle pas assez en cours d’histoire au lycée. A contrario, une majorité relative juge que le sujet est suffisamment abordé dans les médias (43%). Les contemporains de la guerre d’Algérie sont légèrement plus favorables à davantage de place laissée à la guerre d’Algérie dans les médias ou à l’école.
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