Source de mécontentements et de peurs, les Français portent un jugement sévère sur leur système fiscal. Moins d’une personne interrogée sur cinq a en effet le sentiment que ce système est juste (17 %) et que ses recettes sont bien utilisées par les pouvoirs publics (16 %). A contrario, 88 % considèrent que son fonctionnement est compliqué.
Et pour cause, les personnes interrogées perçoivent une inégale répartition de la pression fiscale sur les acteurs économiques. 71 % d’entre elles estiment que le montant des impôts acquittés par les ménages de la classe moyenne est trop élevé, tandis que ceux acquittés par les ménages aisés sont considérés comme insuffisamment élevés (60 %). L’opinion diffère également s’agissant de la contribution des entreprises soumises à l’impôt : à peine 12 % estiment que les Grandes Entreprises sont soumises à un niveau d’imposition trop élevé quand ils sont près de 71 % à le penser en ce qui concerne les Très Petites Entreprises.
La relative unanimité exprimée dans le constat de l’état du système fiscal du pays n’empêche pas les Français d’être divisés sur le rôle à donner à la politique fiscale. Ceux-ci se divisent ainsi en quatre courants d’opinion principaux : 28 % optent pour une augmentation du pouvoir d’achat des ménages, 27 % penchent pour une réduction des inégalités, tandis que 24 % privilégient le soutien à la croissance économique et 21 % préconisent enfin de favoriser des services publics de qualité.
Particulièrement méfiants et critiques à l’égard du pouvoir politique en matière de fiscalité et d’impôts, les interviewés renvoient à une majorité relative dos-à-dos Nicolas Sarkozy et François Hollande (48 %), chacun étant jugé responsable de la hausse du niveau d’imposition ces dix dernières années. Parallèlement, 34 % l’attribuent plutôt à François Hollande, tandis que 18% en imputent plutôt la responsabilité à Nicolas Sarkozy. Cette méfiance se matérialise alors en perplexité vis-à-vis de la mise en place du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu – une courte majorité adhèrent à cette réforme qui en inquiète tout autant – et en résignation à l’approche de l’élection présidentielle : une courte majorité anticipe une augmentation des impôts au lendemain du scrutin, tandis que 43% envisagent une stabilité.
C’est dans cette perspective que les enjeux liés à la fiscalité devraient jouer un rôle important dans la genèse du vote des Français à l’élection présidentielle, à un niveau au-dessus de celui observé pour l’éducation au cours de la première vague de ce dispositif d’études. Sur une échelle de 1 à 10, l’enjeu de la fiscalité et des impôts obtient une note moyenne de 6,4 (contre 6,1 pour l’école).
Plus précisément, les personnes interrogées priorisent massivement la baisse des impôts comme solution aux problèmes diagnostiqués. La baisse de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) sur les produits de première nécessité est plébiscitée (89% de citations), de même que la baisse de 10% de l’impôt sur le revenu sur les trois premières tranches (80%) et la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des Français (67%). Pour autant, les options impliquant une réforme structurelle de la fiscalité ne sont pas écartées. 60% des interviewés sont favorables à la création d’un impôt unique progressif sur le patrimoine (remplaçant taxe foncière et impôt de solidarité sur la fortune), tandis que 57% sont pour la fusion de l’impôt sur le revenu et de la Contribution Sociale Généralisée (CSG). La suppression de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) (29% de réponses favorables) et surtout le relèvement du taux de TVA de 20% à 22% (8% seulement) proposés par François Fillon sont en revanche rejetés massivement par les Français.
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