Dernier test avant la campagne présidentielle, les élections régionales de ce dimanche devraient s’avérer difficiles pour un gouvernement qui a été récemment très critiqué notamment sur sa politique sanitaire (gestion de la crise de Covid) et sécuritaire (police, justice). Réalisée par l’Ifop pour Internom à une semaine du vote (10-11 juin), cette étude montre que le vote sanction ne devrait pas être le principal moteur du vote de dimanche prochain et que si les questions de sécurité devrait jouer un rôle très important, leur poids dans le choix électoral des Français est quelque peu à relativiser par rapport à d’autres enjeux de la campagne (santé, emploi, économie…) mais aussi par rapport à de précédents scrutins.
1 – Une nationalisation de vote beaucoup plus faible qu’au dernier scrutin
Élections locales, critères locaux? Alors que les élections régionales sont généralement une occasion « d’envoyer un message » à l’exécutif qui l’interprète ainsi comme un « test » de son action à l’échelle nationale, force est de constater que le scrutin du 20 juin s’annonce très localisé : à peine 15% des votants potentiels déclarent qu’ils détermineront leur vote en fonction d’enjeux nationaux, soit une proportion deux fois plus faible que celle que l’Ifop observait au précédent scrutin régional (37% en 2015). A l’inverse, ils annoncent très massivement qu’ils détermineront leur vote en fonction d’enjeux régionaux ou locaux : à 85%, contre 63% en décembre 2015.
Malgré l’ampleur des critiques sur la gestion de la crise du Covid par les autorités publiques et sanitaires, cet enjeu de politique nationale ne devrait d’ailleurs pas beaucoup affecter le rapport de force électoral aux dépense du gouvernement : 61% des votants potentiels déclarent que leur vote ne tiendra pas compte du bilan de la gestion de la crise sanitaire par Emmanuel Macron et son gouvernement, et ceux pour qui ce bilan devrait jouer négativement (22%) sont à peine plus nombreux que ceux affirment que ce bilan jouer en faveur du Président (17%).
2 – Une logique de vote sanction limitée par l’absence de sortants régionaux se réclamant de la majorité gouvernementale
Alors qu’en 2015, le déficit de popularité de François Hollande avait fortement pénalisé les sortants régionaux se situant dans la gauche de gouvernement, l’absence de présidents sortants se réclamant de la majorité gouvernementale réduit, cette année, fortement l’ampleur du « vote sanction » : moins d’un quart des votants (24%) déclarent qu’ils vont voter pour sanctionner la politique du président de la République et du Gouvernement, soit une proportion presque deux fois plus faible que celle que l’Ifop observait aux dernières élections régionales (39% en 2015) et européennes (39% en 2019). A contrario, ils sont 17% à déclarer qu’ils vont voter pour soutenir la politique du président, soit une proportion légèrement supérieure aux dernières élections régionales (13% en 2015) et européennes (14% en 2019).
3 – Santé, emploi, sécurité… des critères de choix qui se feront beaucoup sur des compétences ne faisant pas partie des prérogatives des régions
Malgré cette volonté de localiser son vote, ce sont des thématiques régaliennes qui figurent parmi les éléments les plus déterminants dans la décision que prendront les électeurs. En tête, portée par la crise sanitaire et les difficultés des soignants, la santé est citée par 64% des répondants comme un élément important dans cette décision, devant l’emploi (62%), la sécurité (58%) et le pouvoir d’achat (58%). Partagée pour partie avec l’Etat, l’enseignement secondaire dans les lycées arrive quant à elle en cinquième position (52%), devant la lutte contre le terrorisme (51%).
Alors que la sécurité ne fait pas partie des prérogatives des régions – à l’exception de celles relatives aux transports en commun et aux lycées -, elle s’est imposée dans le débat public dans un contexte où les questions relatives à la police et à la justice (ex : manifestation de milliers de policiers devant l’Assemblée nationale, verdict du tribunal dans l’affaire des policiers brûlés à Viry-Châtillon, attentat de Rambouillet, meurtre d’un brigadier sur un point de deal à Avignon, …) ont beaucoup pesé dans l’actualité. Cependant, dans ce contexte d’actualité des plus favorables, les enjeux sécuritaires n’ont pas pour autant pris une place exceptionnelle dans le process de choix des électeurs. En effet, si la sécurité est un enjeu qui jouera « beaucoup » pour 58% des votants potentiels, c’est à peine plus que lors des dernières élections régionales de 2015 (55%) et à un niveau similaire à la fois avec d’autres enjeux régaliens comme le pouvoir d’achat (58%) ou l’emploi (62%) mais aussi avec des enjeux plus locaux dont la compétence revient notamment à la région : la gestion des finances (50%) et l’éducation via les lycées (52%).
4 – L’insécurité : un poids à relativiser quelque peu dans le choix électoral des Français
Si la place de la lutte contre la délinquance est jugée « déterminante » dans le vote des électeurs par 42% des votants potentiels aux élections régionales de dimanche prochain, c’est nettement moins que lors des élections européennes de 2019 (51%, soit moins de 9 points de différence).
Enfin, un dernier indicateur vient quelque peu relativiser l’importance des questions sécuritaires dans les préoccupations des électeurs : la proportion de votants pour qui la lutte contre la délinquance sera « déterminante » dans leur vote à l’élection présidentielle de 2022 (53%) et pour l’heure (un peu) plus faible que ce l’Ifop observait au dernier scrutin présidentiel (56% en 2017).
5 – L’insécurité reste néanmoins un point noir pour le Gouvernement
Et ceci alors même que les Français se déclarent largement insatisfaits du bilan d’Emmanuel Macron en la matière : 68% partagent ce jugement négatif, à un niveau certes un peu moins élevé qu’en avril dernier (74%) mais au sein d’un spectre politique qui dépasse très largement les simples sympathisants du Rassemblement national (84%).
Cette étude a été menée sous la direction de François Kraus, directeur du pôle “Politique / Actualités” de l’Ifop, en partenariat avec l’agence Flashs. Pour toute demande de renseignements à propos de cette étude ou pour obtenir des informations quant aux conditions de réalisation d’une enquête du même type, vous pouvez contacter directement François Kraus au 0661003776 – francois.kraus@ifop.com .