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Sondage 08/02/2015

Les Français et la laïcité

Face à la brutalité des attentats de Charlie Hebdo, de Montrouge et de la porte de Vincennes, l’opinion a vivement réagi en brandissant comme un talisman le concept de laïcité face au fondamentalisme islamique. Interrogés sur les dimensions républicaines perçues comme les plus importantes, les Français placent en effet aujourd’hui très largement en tête cette notion de laïcité (46%), loin devant le suffrage universel (36%), la liberté d’association (8%) ou la libre constitution des partis politiques ou la liberté syndicale (5% chacune). Par rapport à mars 2008, date à laquelle avait pourtant eu lieu le débat sur la « laïcité positive », la hiérarchie des réponses s’est inversée. A l’époque, le suffrage universel s’imposait avec 41%, soit 5 points de plus qu’aujourd’hui devant la laïcité à 30% seulement, mais qui était déjà en légère progression par rapport à 2003 (+5 points). Ce dernier item a donc fait un bond de 16 points par rapport à 2008 et ce mouvement d’opinion spectaculaire est bien sûr à mettre en lien avec les attentats. Cette progression est particulièrement marquée dans l’électorat UMP (+21 points), qui place désormais cette notion devant le suffrage universel (47% contre 40%) alors qu’en 2008 cet item surclassait très largement la laïcité dans l’électorat de droite (53% contre 26%). Le vif regain d’intérêt porté à la laïcité s’exprime avec moins de force dans l’électorat socialiste (+9 points) mais ce dernier s’affichait déjà à l’époque comme plus attaché à cette valeur que l’électorat UMP (36% contre 26%).

Si la laïcité est donc fortement plébiscitée dans le Panthéon des valeurs républicaines, à quoi renvoie-t-elle pour les Français ? Pour 51% des personnes interrogées (-5 points par rapport à une enquête de septembre 2008), elle est d’abord conçue comme « la possibilité laissée à chaque citoyen de pratiquer sa religion ». Pour 25% (+1 point), c’est avant tout « l’interdiction de manifester son appartenance religieuse dans les services publics » quand 14% (en progression de 6 points) y voient le « refus de toute forme de communautarisme » et 10% seulement (-2 points) « l’absence de participation de l’Etat dans l’édification des lieux de culte ». C’est donc toujours une définition « ouverte » de la laïcité qui prévaut aujourd’hui mais deux remarques s’imposent. D’une part, on peut penser dans le contexte actuel que la réponse « la possibilité laissée à chaque citoyen de pratiquer sa religion » englobe sans doute aussi la possibilité laissée à chaque citoyen de ne pas croire ou de ne pas subir celle des autres selon l’adage bien connu : « la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres ». D’autre part, on observe de fortes différences de définition selon les sensibilités politiques. La « possibilité laissée à chaque citoyen de pratiquer sa religion » est nettement plébiscitée dans l’électorat socialiste (57%) mais moins à l’UMP (47%) et au FN (35%). A l’inverse « l’interdiction de manifester son appartenance religieuse dans les services publics » fait beaucoup plus recette au FN (38%), qu’à l’UMP (29%) ou au PS (19% seulement). Et non seulement des écarts existent entre droite et gauche mais l’impact des attentats a manifestement joué dans des sens opposés dans les deux familles politiques. Entre 2008 et 2015, la « possibilité laissée à chaque citoyen de pratiquer sa religion » passe de 46% à 57% dans l’électorat socialiste mais reflue de 64% à 47% dans celui de l’UMP. Dans le même temps, ce dernier cite désormais davantage « l’interdiction de manifester son appartenance religieuse dans les services publics » (29% contre 21% à l’époque) quand cette définition fait désormais moins recette au sein de l’électorat socialiste (19% contre 30% en 2008) qui opte de plus en plus pour une conception « ouverte ».

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Rapport d'étude

Méthodologie de recueil

Echantillon de 1003 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l'échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Les interviews ont eu lieu par questionnaire auto-administré en ligne (CAWI - Computer Assisted Web Interviewing) du 3 au 5 février 2015.

Votre interlocuteur

Jérôme Fourquet Directeur du pôle Opinion & Stratégies d'Entreprises

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