Après une longue période d’incertitudes liée à une séquence électorale inédite de près d’un an et alors qu’ils reviennent progressivement de vacances, les Français abordent l’avenir avec un regain d’optimisme en ce mois d’août 2017.
Si la dernière mesure réalisée en janvier 2017 par l’Ifop pour Dimanche Ouest-France renvoyait l’image d’un pays morose, avec seulement 28% des répondants se disant optimistes pour eux et leurs enfants, la nouvelle édition de ce baromètre dévoile un certain retour de la confiance, puisque 45% des Français se déclarent optimistes et cela malgré la persistance d’une menace terroriste forte, qui s’est de nouveau tristement manifestée à Barcelone.
Faut-il y voir un « effet Macron » ? S’il ne faut négliger ni les effets de la reprise économique, ni ceux de la pause estivale, ni même la probable accoutumance au fait terroriste sur le moral des Français, le fait est que le nouveau Président de la République bénéficie d’un climat plus porteur que son prédécesseur François Hollande à la même période du quinquennat : en août 2012, seuls 32% des Français se disaient optimistes concernant leur avenir (soit 13 points de moins qu’aujourd’hui). En revanche, le vainqueur de l’élection présidentielle de 2017 évolue dans une atmosphère moins positive que celle dont jouissait Nicolas Sarkozy au début de son quinquennat (50% optimistes au mois d’août 2007) et franchement moins que celle qui accompagna Jacques Chirac au lendemain de sa victoire contre Jean-Marie Le Pen (65% en août 2002).
Dans le détail, le sentiment d’optimisme n’est pas uniformément partagé au sein de la population : si les moins de 35 ans sont 58% à se montrer confiants dans l’avenir (contre 34% en janvier 2017), ce n’est le cas que pour 40% de leurs aînés (contre 27% en janvier 2017). De même, les catégories socio-professionnelles supérieures se distinguent des catégories populaires (53% d’optimistes contre seulement 35% parmi les ouvriers) et les électeurs d’Emmanuel Macron de ceux de Marine Le Pen (70% optimistes contre 29%). Ainsi, le rapport des Français à la notion d’optimisme dévoile en creux les grands clivages socio-politiques qui structurent la société française et qui se sont matérialisés lors de cette dernière élection présidentielle, entre défavorisés et privilégiés et entre gagnants et perdants de la mondialisation. En dépit d’une très large victoire aux législatives pour la République en Marche !, ces fractures n’ont pas disparu et le gouvernement devra en tenir compte dans la conception et la mise en œuvre de ses réformes.
A ce titre, l’étude Ifop – Dimanche Ouest France révèle que, par rapport au mois de janvier 2017, les Français expriment une confiance en hausse dans la capacité du gouvernement à relever un certain nombre de défis majeurs, en particulier en matière de politiques économiques.
Ainsi, s’ils sont 43% à faire confiance aux ministres d’Edouard Philippe pour mener « la lutte contre l’insécurité » (contre 43% en janvier) et 33% pour réussir « l’intégration des personnes issues de l’immigration » (contre 30% en janvier), les progressions les plus remarquables concernent la « lutte contre le chômage » (35% des Français font confiance au gouvernement à ce sujet, contre 22% en janvier 2017), « l’augmentation du pouvoir d’achat » (25% contre 15% en janvier 2017) et, dans une moindre mesure, « la baisse des impôts » (23% contre 17% en janvier 2017). Des chiffres éclairants alors que le gouvernement entame le début de son quinquennat avec la réforme du marché du travail portée par Muriel Pénicaud et par une hausse de la CSG, compensée par une baisse des cotisations salariales, deux politiques économiques dont les objectifs affichés sont précisément de lutter contre le chômage et d’augmenter le pouvoir d’achat des salariés.
On notera également une forte augmentation de la confiance dans le gouvernement en matière d’écologie. Les Français sont ainsi 45% à donner crédit à l’exécutif pour garantir « la protection de l’environnement » (contre 37% en janvier). Peut-être faut-il y voir la conséquence du ralliement de Nicolas Hulot à Emmanuel Macron, de même que l’effet de la campagne « Make our planet great again » engagée par l’Elysée au lendemain du retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris par le Président américain, Donald Trump.
Toutefois, si ces indicateurs de confiance s’affichent pour la plupart en nette hausse au regard de la dernière mesure datant de la fin du quinquennat de François Hollande, on constate que ce crédit initial accordé au nouveau gouvernement est loin d’être inédit ou même spectaculaire. Force est de constater que François Hollande, comme Nicolas Sarkozy, ont bénéficié en leur temps d’un même « état de grâce » au lendemain de leurs élections. Par exemple, en matière de « lutte contre le chômage », 34% des Français faisaient confiance au gouvernement de Jean-Marc Ayrault en août 2012, 56% à celui de François Fillon en août 2007, contre seulement 35% pour celui d’Edouard Philippe aujourd’hui. Il serait donc illusoire de considérer que les Français accordent un blanc-seing à la nouvelle équipe gouvernementale. Celle-ci devra manifestement faire ses preuves et sera jugée sur pièce. Cette posture prudente de l’opinion se lit également au travers des résultats de la troisième question de ce sondage.
Ainsi, lorsqu’on demande aux Français de se projeter à 5 ans et d’imaginer ce que sera le bilan d’Emmanuel Macron, très peu affirment qu’il « aura transformé le pays en profondeur dans de très nombreux domaines» (10%), mais la plus grande partie d’entre eux considère qu’il « aura mené quelques réformes importantes » (38%). 32% pensent qu’il « n’aura transformé le pays qu’à la marge » et 20% qu’il « n’aura pas transformé le pays du tout ». Le pays est donc littéralement coupé en deux.
Une moitié anticipe (et espère ?) une transformation assez importante du pays quand l’autre moitié pronostique un bilan beaucoup plus modeste voire inconsistant. Des anticipations éclairantes alors que le gouvernement a fait de la « transformation » le mot étendard de sa politique. Logiquement, les sympathisants de La République En Marche sont une large majorité à penser que le Président de la République « aura mené quelques réformes importantes » (58%), quand les sympathisants du Front National ne sont que 19% à partager cette opinion.
Enfin, l’étude réalisée par l’Ifop pour Dimanche Ouest France permet de constater que la majorité relative des Français est favorable au compromis trouvé par l’Elysée concernant la situation de Brigitte Macron. Ainsi, ils sont 43% à être favorables à un statut détaillant les moyens mis à disposition de la « première dame » pour assurer ses activités non rémunérées de femme du Président de la République. En face, 33% des Français y sont opposés. On notera enfin qu’une part non négligeable d’entre eux (24%) se dit « indifférente » à cette polémique qui aura alimenté une partie de l’été 2017.
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