Les 3 enseignements de la première vague de ce Baromètre de l’élection présidentielle Ifop-Fiducial pour LCI et Le Figaro
1. Une domination Marine le Pen – Emmanuel Macron. A moins d’un an du premier tour du scrutin présidentiel, les deux finalistes de 2017 dominent plus que jamais un rapport de forces électorales qui semble figé. En effet, les 5 configurations testées débouchent systématiquement sur une qualification pour le second tour d’Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Pour autant, cette enquête marque un tournant dans la mesure où, pour la première fois, la Présidente du Rassemblement National émerge en tête dans tous les cas de figure avec un score de 27% à 30%. Au cœur de cette dynamique – Marine Le Pen progresse de 2 à 3 points depuis l’enquête Ifop Fiducial pour le JDD d’avril – résident trois aspects. En premier lieu, les intentions de vote en sa faveur progressent significativement chez les personnes âgées de plus de 65 ans (21%, + 9 points), segment traditionnellement peu favorable au vote frontiste. Par ailleurs, au-delà du survote dans les « catégories-force » du RN (25-34 ans, chômeurs et catégories populaires), Marine Le Pen dépasse nettement sa moyenne globale dans le salariat (31%). Enfin, dans le contexte de crise à droite, 19% à 26% des électeurs présidentiels de François Fillon expriment une intention de vote Le Pen.
Néanmoins, face à cette percée, Emmanuel Macron tient le choc avec des intentions de vote en sa faveur systématiquement supérieures à son étiage du 23 avril 2017. L’écart constaté avec la Présidente du RN se situe à cet égard dans la marge d’erreur. En outre, dans le contexte de déconfinement progressif, le président voit son socle se renforcer avec des hausses chez les cadres supérieurs (31%, +8 points depuis avril) et dans son électorat de 2017 (71%, +9 points). De plus, les reculs récents de la popularité présidentielle observés à droite n’empêchent pas le candidat Macron de capter a minima un quart de l’électorat Fillon.
2. Une droite en crise au sein de laquelle X. Bertrand se détache. Dans l’hypothèse où le scrutin se déroulerait dimanche prochain, la droite subirait son 2ème 21 avril. Aucun de ses 5 représentants testés ne parvient en effet à se qualifier pour le second tour. Plus que jamais, l’espace de la droite s’avère étriqué car «mordu » à la fois par Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Pour autant, Xavier Bertrand avec 15% d’intentions de vote domine le match des prétendants de droite, reléguant à 5 points Valérie Pécresse (10%), à 7 points Laurent Wauquiez (8%) et à 9 points Bruno Retailleau. Testé pour la première fois, Michel Barnier recueille seulement 8% d’intentions de vote.
Dans les configurations de second tour, Xavier Bertrand domine très largement Marine Le Pen (60% contre 40%). Bénéficiant d’une meilleure mobilisation de l’électorat de gauche, le président des Hauts de France fait mieux qu’Emmanuel Macron (54% contre 46% face à Marine Le Pen). Le rapport de forces Macron – Bertrand s’avère quant à lui très équilibré (51%- 49% en faveur du premier cité.
3. Une gauche en perdition. Jamais dans l’histoire des campagnes présidentielles, la gauche ne s’est trouvée en telle difficulté à un an du scrutin. En effet, la totalisation des intentions de vote en sa faveur ne dépasse pas 25%, en recul de 2 points depuis l’enquête d’avril. Cet étiage s’avère particulièrement faible comparé aux 40% obtenus par les candidats de gauche (Mélenchon, Hollande et Joly) en 2012 ou aux 30% de 2007, recueillis par S. Royal, M-G; Buffet, D. Voynet et J. Bové.
Dans ce contexte annonciateur d’un troisième 21 avril en 2022, Jean-Luc Mélenchon recueille 11% à 12%, un résultat très en deçà de son score de la dernière élection présidentielle. Selon les hypothèses de 1er tour, près de 4 électeurs sur 10 de Mélenchon en 2017 ne voteraient pas à nouveau en sa faveur.
Pour autant, le président de la France Insoumise – seul candidat officiellement déclaré à gauche – devance nettement Anne Hidalgo et Yannick Jadot, encalminés à 6%. Ces scores peu ou prou stables depuis plusieurs enquêtes attestent de l’absence de la moindre dynamique en faveur des prétendants de gauche à la magistrature suprême.