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Entretien 27/07/2023

“La construction d’un modèle de développement plus durable doit être une réalité pour l’ensemble des territoires et prendre en compte leurs spécificités”

 

Familles Rurales Fédération Nationale a fait appel au pôle Opinion pour réaliser une étude sur les perceptions du monde rural.

 

Guylaine Brohan, Présidente de Familles Rurales Fédération Nationale, revient sur les enseignements clés de cette étude et les challenges à venir.

 

 

 

 

1. Familles Rurales est une association nationale reconnue d’utilité publique qui agit en faveur des familles sur tout le territoire, en milieu rural et périurbain. Pourriez-vous nous présenter plus en détail les actions concrètes que vous entreprenez pour accompagner et soutenir les habitants au sein de ces territoires ? 

 

Avec 121 000 familles adhérentes, 1 850 associations locales, 69 fédérations départementales et 11 fédérations régionales, 40 000 bénévoles et 17 000 salariés, Familles Rurales est le premier Mouvement familial associatif de France, un acteur incontournable de l’économie sociale et solidaire et de l’éducation populaire, mais aussi une association agréée de défense des consommateurs.

 

Au quotidien, nos structures participent à l’animation des territoires ruraux, notamment en apportant des services de proximité à la population : crèches, centres de loisirs, formations, aide à domicile, tiers-lieux, points de médiation numérique, transports solidaires, épiceries solidaires, Maison France Service etc. sans compter le nombre important d’activités culturelles et de loisirs ! Nos actions sont très diverses mais participent toutes d’un même objectif : améliorer la vie des habitants du milieu rural en s’appuyant sur la solidarité et l’entraide.

 

Le rôle de la Fédération Nationale est d’animer et d’appuyer ce grand réseau d’associations mais aussi de représenter les familles et les territoires auprès des pouvoirs publics. Cette fonction est très importante et induit un travail de réflexion et de prospective sur nos thématiques afin de formuler des propositions concrètes et d’objectiver les retours du terrain. C’est tout le sens de l’étude « territoires ruraux : perceptions et réalités de vie » que nous avons lancée en 2018 avec l’IFOP. Nous souhaitions avoir des données concrètes pour comprendre les mécanismes du « sentiment d’abandon » à l’œuvre dans certains territoires mais aussi la forte dynamique d’attractivité que connait aujourd’hui la ruralité malgré ses difficultés.

 

 

 

2. L’étude met en évidence la dégradation de l’accès aux services publics et de santé* dans les zones rurales, ainsi que les contraintes financières auxquelles les habitants font face. Notamment en raison de l’explosion des dépenses d’énergie et de carburant (55% des ruraux déclarent renoncer à des achats alimentaires par manque d’argent). *60% des ruraux font état d’une dégradation de l’accès aux services publics ces dernières années et 66% aux services de santé.

Quel regard portez-vous sur ces chiffres ?

 

Nous ne sommes malheureusement pas surpris par ces chiffres qui viennent confirmer que la première problématique des zones rurales est le recul des services publics et de proximité, notamment dans le domaine de la santé. Il s’agit de la préoccupation numéro un pour les habitants depuis la première enquête de 2018. Ce phénomène est à la source même du sentiment d’abandon que l’on évoque souvent et que ressent une partie de la population. Au cœur des fractures françaises, la fracture territoriale n’a eu de cesse de s’aggraver malgré les multiples avertissements électoraux. D’ailleurs, l’enquête le montre bien : 55% des ruraux ont le sentiment que leur commune ne bénéficie pas ou peu de l’action des pouvoirs publics alors que ce chiffre est de 33% pour l’ensemble de la population. Près de 20 points d’écart, c’est considérable.

 

Aujourd’hui, s’ajoute à cela l’inflation qui touche particulièrement la population des zones rurales en raison des dépenses d’énergie. Nous alertons depuis le début de la crise sur cette problématique en appelant à des mesures ciblées pour mieux répondre à la réalité vécue par la population. Lorsqu’il n’y a pas de transports en commun et que les services sont éloignés ou encore que son logement est moins bien isolé, ceci a une conséquence directe sur les dépenses d’énergie. L’inflation touche l’ensemble de la population mais elle n’est pas la même pour tous. Certaines études démontrent qu’elle est d’un à deux points supérieure lorsque l’on vit à la campagne en comparaison d’une métropole. Plus de la moitié des ruraux déclarent renoncer à des achats alimentaires par manquent d’argent, cela doit nous interpeller !

 

 

 

3. A la lumière des résultats de cette étude, quelles sont les perspectives envisagées par Familles Rurales ? Comment comptez-vous utiliser ces résultats pour continuer à soutenir les habitants des zones rurales ?

 

Ces résultats sont très utiles pour alimenter le débat public et alerter le Gouvernement sur les préoccupations des territoires ruraux. L’étude est d’ailleurs sortie concomitamment au plan « France ruralités » annoncé fin juin par la Première Ministre et a ainsi bénéficié d’une attention particulière dans les médias mais aussi auprès des pouvoirs publics. Ces enquêtes nous permettent de construire et d’appuyer nos propositions, de conduire un travail de réflexion et de sensibilisation et ainsi de contribuer au débat et la mise en place de réponses adaptées pour les territoires.

 

Nous allons également tenir notre congrès les 14 et 15 octobre à Metz qui rassemblera plus de mille responsables associatifs et partenaires publics et privés de Familles Rurales. Il s’intitule « transformer nos vies, réinventer nos territoires » et traitera principalement de la transition écologique et solidaire. C’est pour cette raison que nous avons dédié une partie spécifique de l’enquête à ces enjeux. Notre ambition pour les années qui viennent est d’impliquer pleinement nos associations dans les transitions et de renforcer nos actions dans cette direction. Les résultats de l’étude vont bien sûr nous appuyer dans cette démarche et ils nous indiquent déjà une donnée importante : contrairement à l’image qui est parfois véhiculée, les ruraux sont tout aussi inquiets du réchauffement climatique que l’ensemble des Français et tout aussi volontaires pour agir si on leur en donne les moyens ! Pour Familles Rurales, la construction d’un modèle de développement plus durable doit être une réalité pour l’ensemble des territoires et prendre en compte leurs spécificités. C’est donc avec beaucoup de détermination que nous nous engageons dans cette démarche qui nous concerne toutes et tous.

 

 

 

 

 

Pour plus d’information sur l’étude, cliquez ici 

 

Découvrez l’ambition positive de la Fédération Nationale familles Rurales 

 

Vos interlocuteurs

Marion Chasles-parot Directrice de clientèle - Opinion & Stratégies d'Entreprises

Marie-Agathe Deffain Chargée d'études - Département Opinion & Stratégies d'Entreprise

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