L’enquête réalisée par l’Ifop pour la Fondation Jean Jaurès et la Friedrich Ebert Stiftung révèle un tournant de la perception du fait migratoire par les opinions européennes (France, Allemagne, Royaume-Uni, Pologne).
Alors qu’en septembre 2015, au pic de la crise des migrants, 46% des Français estimaient que ces arrivées massives allaient durer au plus un ou deux ans, ils ne sont plus aujourd’hui que 19% à formuler ce diagnostic, 56% pensant qu’il faudra faire avec ces arrivées de migrants et de réfugiés pendant plus de quatre ans (cette opinion progressant de 27 points en deux ans). On observe la même tendance en Allemagne, où la proportion d’Allemands jugeant qu’il s’agit d’un problème durable est passée de 27% à 50% entre septembre 2015 et septembre 2017.
Le lien entre migrations et terrorisme est de plus en plus établi dans les différents pays étudiés. En France, en septembre 2015, 69% des sondés adhéraient à l’idée selon laquelle « parmi les très nombreux migrants qui arrivent actuellement en Europe se trouvent également des terroristes potentiels ». Après les attentats de novembre 2015, cette proportion a grimpé à 80% en mars 2016 et est depuis restée stable (79% dans cette enquête).
La proportion de Britanniques qui craignent un appel d’air est passée de 80% en septembre 2015 à 82% aujourd’hui, alors qu’elle restait totalement stable en Allemagne (69%) et s’érodait de 6 points en France : de 79% à 73% sur la même période. Stabilité également sur la notion du devoir d’accueil pour les pays européens vis-à-vis de migrants fuyant la guerre et la misère : 54% en France en septembre 2015, 56% aujourd’hui. 54% à 55% en Grande-Bretagne sur la même période et 79% à 75% en Allemagne.
Lorsque l’on parle de migrants ou d’immigrés aux Français, les termes les plus cités sont : « insécurité/délinquance » (40%), « problème » (35%) puis « misère » (33%). Arrivent ensuite les mots « étrangers » (25%) puis des mots connotés plus positivement : « solidarité » (24%) et « accueil » (22%).
Plus de 7 Français sur 10 estiment que les personnes issues de l’immigration sont mal intégrées dans la société française. Les deux facteurs qui sont majoritairement et prioritairement citées étant : le refus des personnes issues de l’immigration de s’intégrer à la société française (46%) et les fortes différences culturelles et leur pratique de la religion (45%).
A la question des actions prioritaires en matière d’intégration, 44% des Français répondent ainsi « que l’Etat mette en place des dispositifs efficaces pour que les migrants apprennent le français rapidement » et 42% « que l’Etat mette en place des dispositifs efficaces pour que les migrants apprennent notre culture ».
Notes méthodologiques :
Tome 1 : L’enquête a été menée auprès d’échantillons représentatifs de la population des pays suivants âgée de 18 ans et plus : 1007 pers. (France) / 803 pers.(Allemagne) / 802 pers. (Royaume-Uni) / 816 pers. (Pologne) représentatifs de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas, par questionnaire auto-administré en ligne du 20 au 27 septembre 2017.
Tome 2 : L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1002 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas, par questionnaire auto-administré en ligne du 3 au 4 octobre 2017.
partager