Ce mardi 7 décembre était débattu dans l’hémicycle le projet de loi sur l’immigration, qui sera voté en 2023. Ce projet de loi immigration créerait notamment un titre de séjour spécifique « métiers en tension » pour les personnes étrangères travaillant dans les secteurs éprouvant des difficultés à recruter. Matignon a d’ailleurs précisé que ce titre aurait une « durée d’un an renouvelable, si les conditions sont toujours remplies ».
Plusieurs secteurs ont accueilli favorablement cette mesure, notamment dans l’hôtellerie et la restauration. Le Medef (premier syndicat patronal de France), quant à lui, n’a pas souhaité s’immiscer dans le débat : « c’est un sujet de débat de citoyens, et c’est au politique de le faire » déclarait en effet son président Geoffroy Roux de Bézieux il y a un mois. Justement, parmi la classe politique, ce projet a fait réagir et suscité des critiques parmi les élus de gauche et de droite radicale : le groupe Rassemblement national voit en effet dans cette mesure un « appel d’air » migratoire, et les insoumis soulignent un manque d’ambition pour mieux protéger les travailleurs étrangers.
En s’intéressant maintenant aux opinions publiques, il apparaît que les Français se déclarent majoritairement favorables à cette mesure : 64% adhèrent en effet au principe de titre de séjour spécifique « métiers en tension » pour les personnes étrangères travaillant dans des secteurs éprouvant des difficultés à recruter.
Des différences se trouvent logiquement constatées au regard de la catégorie socioprofessionnelle : les dirigeants d’entreprise, fortement concernés, apparaissent plus favorables au principe de titre de séjour spécifique (68%) que les salariés (62%) et les chômeurs (50%). De plus, un clivage émerge en fonction du niveau de revenu : bien que majoritairement favorables à cette mesure, les plus fragiles apparaissent davantage réfractaires à la création d’un titre de séjour spécifique pour les travailleurs étrangers (43% opposés) que les Français de catégories aisées (« seulement » 30% s’y déclarent opposés).
Outre les caractéristiques sociodémographiques, des écarts significatifs apparaissent en fonction de la proximité politique des répondants. Logiquement, les sympathisants Renaissance (ex-LREM) se révèlent les plus enthousiastes au principe de création par leur propre majorité d’un titre de séjour spécifique « métiers en tension » pour les personnes étrangères (94% d’entre eux !), les sympathisants LFI étant quant à eux beaucoup plus partagés (65% de favorables à ce projet). Enfin, les sympathisants de droite radicale se révèlent (et de loin !) les plus réfractaires à ce projet : seulement 36% des proches du Rassemblement national se déclarent en effet favorables à la création d’un titre de séjour spécifique « métiers en tension » pour les personnes étrangères travaillant dans les secteurs éprouvant des difficultés à recruter.