Alors que continue la crise ouverte au Front National, qui oppose Marine Le Pen à son père à la suite des récentes déclarations controversées de ce dernier sur son blog vidéo, plus de six Français sur dix (63%) considèrent la présence de ce dernier à la présidence d’honneur du FN comme un handicap pour le parti. Selon le sondage réalisé par l’Ifop pour Dimanche Ouest France sur ce sujet, ce sentiment n’épargne par les sympathisants de la formation d’extrême droite, qui estiment eux aussi, dans exactement les mêmes proportions (63%), que la présence de Jean-Marie Le Pen pénalise le parti. Ils ne sont, à l’inverse, que 16% à la considérer comme un avantage, et seulement un peu plus d’un sympathisant FN sur cinq (21%) ni comme un atout, ni comme un handicap pour le parti.
Dans ce contexte, le départ de Jean-Marie Le Pen est davantage souhaité que son maintien au Front National par les Français (34% contre 8%), mais ce sont surtout les sympathisants du FN qui souhaitent son départ, puisqu’une nette majorité (58%) se prononcent pour, quand moins d’un sympathisant sur cinq (19%) ne le souhaitent pas, et moins d’un quart (23%) reste indifférent sur cette question. Moins concernés par le sujet que les sympathisant frontistes, les Français dans leur ensemble, qui mettent le FN à distance et ne veulent pas se préoccuper de ses querelles internes, font preuve d’une bien plus grande indifférence : ils sont 58% à ne pas émettre d’avis favorable ou opposé au départ du président d’honneur du FN.
Le diagnostic formulé par une large majorité de Français, et de sympathisants du FN, selon lequel Jean-Marie Le Pen serait aujourd’hui un handicap se trouve partiellement validé par les résultats de la troisième question. En effet, 15% des personnes n’ayant voté pour le FN ni à la dernière présidentielle ni aux élections européennes de mai pourraient franchir le pas si le fondateur de ce parti venait à le quitter. La proportion de ceux qui se disent « tout à fait » prêts à basculer est beaucoup plus limitée (4%) mais, d’une part, ramené à l’ensemble du corps électoral cela représente tout de même un gain potentiel de 3 à 3,5 points – ce qui est loin d’être négligeable –, et d’autre part, le cercle plus large des électeurs moins décidés mais un jour potentiellement « gagnables » pour le Front National représente un vivier (beaucoup moins facile à convaincre) de 8 points supplémentaires si on ramène ce chiffre à l’ensemble de la population, ce qui donne une idée de l’assise maximale dont dispose aujourd’hui le « marinisme ». Sans surprise, cette attractivité potentielle d’un FN sans Jean-Marie Le Pen est plus forte parmi les sympathisants de l’UMP que chez les sympathisants de gauche (16% contre 9%).
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