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L’impact de la solitude sur la vie des Français

À l’occasion de la Journée mondiale des solitudes le 23 janvier, Goodflair a mandaté l’Ifop pour interroger près de 2 500 Françaises et Français sur la manière dont ils appréhendent le fait de se sentir seuls. Les résultats de cette étude montrent notamment que près de la moitié de la population dit régulièrement vivre une situation d’isolement. Si elle n’affecte pas toutes les personnes interrogées – certaines recherchant à être seules –, la solitude engendre d’importantes souffrances chez celles et ceux qui la subissent plutôt qu’elles ne la choisissent.

 

L’AMBIVALENCE DE LA SOLITUDE : UNE SITUATION QUI CONCERNE DE NOMBREUX FRANÇAIS

 

« Ma famille d’abord » : alors que la famille constitue le principal vecteur de socialisation, les hommes, les précaires et les Franciliens apparaissent comme les plus isolés, victimes de « solitude objective »

Interrogés sur la manière dont ils socialisent, les Français passent principalement du temps avec leur famille : 30% la voient tous les jours ou presque, 27% au moins une fois par semaine et 24% au moins une fois par mois.

Un entourage nettement plus sollicité que les amis (7% tous les jours ou presque, 26% chaque semaine), les collègues en dehors du temps de travail (5%, 8%), les voisins (4%, 12%) ou même d’autres types de connaissances (5%, 18%).

Au total, 9% des Français se trouvent en situation d’isolement, c’est-à-dire qu’ils déclarent ne passer de temps (au moins une fois par mois) avec aucun de ces entourages-là.

Paris, ville du « seum » ? Cette « solitude objective » se révèle la plus forte en Ile-de-France (14%), pourtant région la plus densément peuplée : c’est la preuve qu’on peut être seul au milieu de la foule, pris dans une société « atomisée ».

Une « solitude objective » qui touche en particulier les hommes (12%, contre 6% chez les femmes), les ouvriers (19%) et catégories modestes à pauvres (13 à 14%), de même que les personnes vivant seules chez elles (13%).

 

La solitude, mal du siècle ? Près de la moitié des Français déclarent se sentir régulièrement seuls, la « solitude ressentie » touchant principalement les femmes et les jeunes

Au-delà de cette solitude objective qui concerne une personne sur dix, ce sont plus de quatre Français sur dix (44%) qui déclarent se sentir seuls régulièrement, que ce soit tous les jours (5%), souvent (13%) ou de temps en temps (26%).

Une « solitude ressentie » qui concerne quasiment la moitié de la population, mais qui reflue dans le temps : la proportion de « solitaires ressentis » s’établissait à 50% en 2022 et en 2021, et 48% en 2020.

Dans le détail, on observe que la « solitude ressentie », déjà beaucoup plus répandue que la « solitude objective », ne touche pas les mêmes populations : ceux qui se sentent les plus seuls sont ainsi les femmes (48%, contre 40% des hommes), les plus jeunes (62% des 18-24 ans) et les employés (55%). Par ailleurs, on observe que la solitude ressentie se conjugue avec l’isolement économique : plus on est pauvre et plus on se sent seul, de seulement 32% parmi les plus aisés, à 59% chez les plus pauvres.

 

Pour autant, la solitude est-elle vraiment un « mal » ?

Interrogés sur leur rapport à la solitude, la majorité des Français (58%) déclare qu’il leur arrive de rechercher cette situation, contre 21% qui souhaitent l’éviter à tout prix. Un élan de « solitude choisie » au plus haut depuis 2018 (60%), et en hausse de 5 points depuis 2021.

Dans le détail, on observe une forte corrélation entre choix de pouvoir s’isoler et niveau de vie, comme si la solitude choisie était une forme de luxe. Ainsi, plus on est favorisé – que ce soit en matière de catégorie socioprofessionnelle ou de revenu –, plus affirme qu’il peut nous arriver de rechercher la solitude : de « seulement » 52% chez les plus pauvres, ce souhait passe à 68% chez les plus aisés.

Si le souhait de pouvoir s’isoler quand on le souhaite touche 61% des personnes en couple (contre 53% des célibataires), on remarque qu’elle concerne également la moitié des personnes objectivement isolées (47%) – preuve que la solitude, réelle celle-ci, est assez ambivalente pour être en partie recherchée par ceux qui la vivent de la manière la plus prégnante.

Les personnes qui souhaitent éviter la solitude à tout prix, en revanche, apparaissent surreprésentées chez les jeunes (26% des 18-24 ans)… comme les plus âgés (25% des 65 ans et plus) – comme quoi, le besoin de compagnie n’a pas d’âge.

 

TROUBLES PSYCHIQUES, CONDUITES « À RISQUE » : UNE SOLITUDE « RESSENTIE » AUX IMPACTS POURTANT BIEN RÉELS

 

Une solitude à double tranchant

L’ambivalence de la solitude est encore plus forte lorsqu’on interroge directement les Français : parmi deux qui déclarent se sentir régulièrement seuls, la moitié estime en souffrir, l’autre moitié estimant la situation vivable (à respectivement 49% et 51%).

En revanche, la souffrance ne touche pas tous les solitaires de la même manière : les jeunes sont de lion ceux qui en pâtissent le plus (à 63%), avec les plus pauvres (59%), les habitants de l’agglomération parisienne (57%).

 

Bien vécue ou pas, la solitude affecte la santé mentale des individus

Parmi les solitaires ressentis, 82% ont déjà vécu au cours de leur vie des troubles psychiques liés à la solitude, 63% en ayant même expérimenté au cours des douze derniers mois.

Parmi ces troubles, on peut citer le fait de pleurer (41% l’ont vécu ces douze derniers mois), de subir des troubles du sommeil (43%), de vivre des périodes intenses de stress, de nervosité ou d’anxiété (40%), de dépression (25%), de troubles de la libido (18%) ou de pensées suicidaires (14%). Tout ça parce que ces personnes se sentent seules, quand bien même elles ne le sont pas « objectivement ».

Dans le détail, on retrouve parmi ceux qui ont expérimenté des troubles psychiques récents en raison de la solitude des catégories déjà identifiées : 66% des femmes (contre 59% des hommes), 75% des 18-24 ans (contre 56% des 65 ans et plus).

Toutefois, même si la solitude semble mieux vécue à mesure qu’on est à l’aise financièrement, on observe que ces catégories-là ne sont pas épargnées par l’impact psychique de la solitude : 66% des catégories aisées en ont expérimenté l’un des symptômes au cours des douze derniers mois, à peine moins que chez les plus pauvres (71%).

Pour pallier la solitude, l’usage des réseaux sociaux apparaît comme la pratique la plus répandue parmi les solitaires ressentis (69%, dont 37% régulièrement), devant le fait de passer du temps seul dans des lieux fréquentés (36%), parcourir des sites ou applications de rencontre (32%), boire de l’alcool seul (32%) ou, plus marginalement, dialoguer avec des intelligences artificielles conversationnelles (13%).

Du côté des applications de rencontre, on remarque que les solitaires les plus prompts à les parcourir se situent parmi les hommes (41%, contre 26% des femmes), les 25-34 ans (53%) et les catégories aisées (39%). C’est aussi le cas de 28%… des personnes en couple. Du côté du fait de boire de l’alcool seul pour pallier sa solitude, les mêmes publics sont en pointe : les hommes (45%, contre 22% des femmes), les 25-34 ans (40%) et les plus aisés (41%)… à un niveau similaire aux plus pauvres (39%).

 

POUR LUTTER CONTRE LA SOLITUDE SUBIE, ON N’EST JAMAIS MIEUX SERVI QUE PAR SOI-MÊME… OU LES ANIMAUX

 

Mieux vaut être seul que mal accompagné ? Pour ce qui est des sorties, les Français ne sont pas encore convaincus

Quitte à être seul, autant en profiter ? Si concernant la promenade, cela ne semble poser aucun problème aux Français (deux tiers l’ont déjà fait), le rapport aux autres sorties est beaucoup moins clair : seule une minorité ont sont déjà allés au restaurant (38%), au cinéma (33%) ou au bar (17%) seuls. Par ailleurs, un certain nombre de Français ont déjà eu envie de profiter de ces sorties seuls mais sans oser le faire : 13% pour la promenade, 15% pour le restaurant, 19% pour le cinéma et 9% pour le bar.

Au total, ce sont ainsi environ un tiers des Français (36%) qui ont déjà été séduits par le concept du « solo date » sans oser aller au bout et profiter d’un moment de plaisir… seul.

 

Les animaux de compagnie : un recours face à la solitude subie

Les animaux de compagnie pourraient-ils constituer un remède à la solitude subie ? Pour une majorité écrasante de la population (85%), c’est oui : en effet, pour 45% des Français, la présence d’un animal de compagnie peut procurer plus de réconfort que les interactions avec humains lorsqu’on se sent seul ; 40% estiment par ailleurs que cette présence animale apporte autant de réconfort que la présence humaine.

Les personnes qui ont déjà eu un animal de compagnie ne s’y trompent pas : parmi elles, un tiers (32%) affirme que le fait de ne pas vouloir se sentir seul a été une raison pour adopter. Des taux qui montent à 45% chez les personnes « objectivement » isolées, et 50% chez ceux qui déclarent souffrir de la solitude qu’ils ressentent.

Enfin, lorsqu’on interroge plus en détail les personnes qui ont déjà eu un animal de compagnie sur leurs motivations à adopter, c’est le besoin de compagnie qui ressort le plus : 43% citent le souhait de donner un compagnon pour d’autres membres de la famille et 21% mentionnent le besoin de compagnie et de réconfort pour eux-mêmes, que ce soit à la suite d’une rupture (9%), d’un deuil (8%) ou du départ des enfants du foyer (8%).

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Les résultats de l'étude

Méthodologie de recueil

L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 2 432 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Parmi elles, 1 100 déclarent se sentir régulièrement seules. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d'agglomération. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 9 au 11 janvier 2024.

Votre interlocuteur

Jean-Philippe Dubrulle Directeur d'études - Opinion & Stratégies d'Entreprises

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Les résultats de l'étude

Méthodologie de recueil

L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 2 432 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Parmi elles, 1 100 déclarent se sentir régulièrement seules. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d'agglomération. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 9 au 11 janvier 2024.

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